DO A POWERBOMB !
Do A Power Bomb #1-7 – États-Unis – 2022
Genre : Fantastique, Action
Dessinateur : Daniel Warren Johnson
Scénariste : Daniel Warren Johnson
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 23 juin 2023
LE PITCH
Lona Steelrose n’a peut-être pas le talent de sa mère pour le catch, mais elle a hérité de son énergie. Malgré la réticence des entraîneurs à lui donner sa chance, et la désapprobation de son père qui considère cette carrière trop dangereuse, Lona parviendra-t-elle à reprendre le flambeau de la légendaire Yua Steelrose ? Si le combat semble perdu d’avance, son destin bascule quand elle croise le chemin d’un étrange nécromancien qui lui propose un pacte d’un autre monde…
Royal Ruuuumble !
Rien n’arrête Daniel Warren Johnson, auteur d’un one shot monument sur Betta Ray Bill (vous savez le copain extraterrestre de Thor), plongeant Wonder Woman dans un futur à la Mad Max avec Dead Earth ou réinventant toute la bande de DC comics en mode dinosaures dans Jurassic League. Unstoppable puisqu’il nous convie désormais à un tournois de catch sidérant, plein de fureur, de german souplex et de larmes.
L’auteur n’a découvert le monde du catch que sur le tard, alors qu’il s’efforçait désespérément d’endormir sa progéniture en plein milieu de nuit difficile. Un monde bariolé, improbable, surjoué, spectaculaire mais hypnotique voir électrisant qui semble s’est définitivement mêlée dans son esprit à l’amour profond qu’il porte à sa fille. De cette connexion amusante entre la violence débordante des matchs et la tendresse des gazouillis de la petite, est née l’idée de Do A Powerbomb !. Une mini-série qui porte constamment un énorme respect pour ce sport foncièrement théâtral, presque super-héroïque, de sa classique école américaine jusqu’à ses versants acrobatiques nippons ou masqués du Mexique. Mais sur le ring l’ersatz de Santo laisse la place à Yua Steelrose, jeune catcheuse fille d’une ancienne légende morte par accident en plein match (la scène est particulièrement douloureuse), qui tente de façonner son propre chemin, hantée, comme son père, par cette disparition tragique. L’espoir renait cependant lorsqu’un nécromancien venu d’ailleurs l’invite à former un duo avec Cobrasun, celui par qui le drame est arrivée, dans un tournoi homérique dont le prix est le retour à la vie d’une personne aimée. Il n’est donc pas uniquement question de performances sportives mais bien de reconquête de l’existence, de reconstruction par la douleur, d’authentique chemin de croix jusqu’à l’inespéré.
Eye of the Big Tiger
A la manière d’un véritable drame sportif à la Rocky, Do A Power Bomb ! couple toutes les performances physiques et les confrontations les plus brutales avec une charge émotionnelles constante, le récit simple et touchant d’une famille dans le deuil. Profondément touchant et diablement excitant le comic embarque tout sur son passage usant à merveille de toute la grammaire, des mouvements et des effets de mise en scène les plus spectaculaires du catch dans une successions de combats haletants contre des adversaires venus euh… d’ailleurs. Un duo d’orang-outans sans pitiés, des chevaliers médiévaux, des barbares de la planète Oseb, des robots lucha libre, un super-héros pizza et son acolyte canin et même… le créateur en personne ! Dans un déluge de prises simples et doubles, de projections, de baston à coups de battes cerclées de barbelés et de chaises bazardées dans la tronche, Daniel Warren Johnson fait à nouveau la démonstration de son imparable sens du découpage, nerveux et puissant, et de la dynamique sous-développée de ses dessins sauvages, violents, déformants, mais où l’artiste sait toujours glisser un regard, une attitude, une intensité ou renait systématiquement l’affection de ses personnages.
Do A Powerbomb ! envoit du lourd, du très lourd, mais le fait avec énormément d’amour et de talent jusqu’à une planche finale où on vous met au défi de retenir la petite larmichette qui va perler au coin de l’œil.