DESTRO : SEIGNEUR DE GUERRE & SCARLETT : MISSION SPÉCIALE
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Destro #1-5, – Etats-Unis – 2024
Genre : Action, Espionnage
Dessinateurs : Andrei Bressan, Marco Ferrari
Scénaristes : Dan Watters, Kelly Thompson
Nombre de pages : 136 et 136
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 14 février 2025
LE PITCH
James McCullen Destro XXIV est l’homme derrière M.A.R.S. Industries, leader incontesté de la vente d’armes de haute technologie aux puissances mondiales… Mais l’émergence de l’Energon a tout changé. Alors que les ambitions de Destro grandissent, les « jumeaux pourpres » Tomax et Xamot Paoli émergent pour détruire leurs concurrents, et Cobra Commander réalise que son allié de fortune pourrait bien devenir son plus grand rival.
Shana « Scarlett » O’Hara est sur le point d’entreprendre la mission la plus dangereuse de sa carrière : infiltrer la mystérieuse organisation japonaise du Clan Arashikage, pour percer les secrets de leur nouvelle et mystérieuse arme. Sa seule piste est son ancienne partenaire, Jinx, devenue membre active au service des Arashikage. Scarlett n’a d’autres choix que d’utiliser ses compétences très particulières pour survivre sous couverture…
G.I. Joe Action Pack
L’Energon Universe continue de s’étendre. En attendant l’arrivée prochaine de la véritable série G.I. Joe, l’écurie constituée par Robert Kirkman plante tranquillement mais solidement les graines de ce nouvel univers partagé Hasbro. Après avoir exploré les nouvelles facettes de Duke et Cobra Commander, c’est au tour de Destro et Scarlett de profiter de leur propre mise à jour.
Pour ceux qui étaient au fond de la classe durant l’année 2024, les licences Hasbro, Transformers et G.I. Joe pour l’instant, ont changé de crèmerie et ont été reprises par le label Skybound de Robert Kirkman (Walking Dead, Invincible…) avec la volonté de les lier à nouveau dans un univers unique. Une opération que l’auteur et éditeur a choisi de ne pas précipiter, ouvrant le bal par un étonnant space opera Void Rivals, avant d’embrayer sur un reboot musclé des Transformers pour enfin entrer peu à peu dans la branche G.I. Joe en montrant l’impact que l’arrivée de ces machines transformables géantes et leur source d’énergie, l’Energon, a eu sur le monde des humains, et en particulier les organisions criminelles ou gouvernementales américaines.
Le mal
Dans cette lignée, la minisérie Destro plonge directement dans les arrière-cours des entreprises secrètes de l’armement. Croisé dans Cobra Commander et Duke, le terrible Destro avec son masque de métal et son look de rapper des 90’s, devient ici le reflet direct d’un opportunisme malsain, célébrant la guerre et la destruction de l’autre, s’alliant avec le plus offrant, renversant les tyrans pour en placer un autre à la tête d’une république bananière, s’inscrivant ouvertement dans une longue tradition familiale (le clan Destro) toujours versé dans la fabrication et la vente d’armes en tous genres. Sur fond de guerre économique et assaut frontal avec la firme dirigée par les jumeaux Xamot et Tomax (les amateurs de jouets apprécieront), l’album imaginé par Dan Watters (The One Hand and The Six Fingers, Sandman : The Dreaming…) a surtout pour vocation à replacer Destro dans l’échiquier de l’organisation Cobra. Autrefois décrit comme un second couteau félon passant son temps à ourdir des plans machiavéliques pour renverser Cobra Commander, il se montre beaucoup plus charismatique et intriguant ici, doté d’une morale certes fluctuante mais bien présente, et d’un pragmatisme ambigu face à la violence du monde. Un peu dommage par contre que les planches signées Andrei Bressan (Dark Ride, Justice League Incarnate…) n’aient pas tout à fait la même justesse de trait que les autres publications de la gamme.
Le bien
De l’ambiguïté, la célèbre Scarlett, figure féminine bien connue des amateurs d’action figure G.I. Joe, en montre forcément beaucoup moins. Une nouvelle fois première femme à prendre le premier plan cet univers plutôt viril, elle retrouve ici ses galons de combattante hors pairs et surtout d’agent secret, tête brulée certes, mais imparable. L’autrice de Captain Marvel, Birds of Prey et Black Widow, lui offre une aventure qui va à cent à l’heure, véritable succession de combats d’arts martiaux, duels au sabres et missions d’infiltration sous haute tension, ou le caractère et le charme du personnage se révèle dans le feu de l’action. On y retrouve aussi le personnage de Jinx, que l’on redécouvre ici meilleure amie sous couverture au sein du fameux clan Arashikage. Le duo avec ses codes invisibles pour se comprendre et leurs petites piques échangées dès que l’occasion se présente donnent une belle énergie à l’album, mais coté charisme c’est inévitablement le guest Storm Shadow qui marque le plus, faisant bien entendu languir le lecteur quant à l’arrivée prochaine de l’incontournable Snake Eye. On note aussi la prestation particulièrement réussie de l’illustrateur Marco Ferrari (Killbox, Frontiersman…) qui avec un style délicat et européen délivre un découpage terriblement efficace et joliment inspiré par le Frank Miller de Daredevil et Ronin.
Deux albums de plus à ajouter à la collection Energon Universe. Celui-ci prend tranquillement forme et les interconnexions ne cessent de se multiplier et à la lecture de Destro et Scarlett il semble évident que la troupe d’auteurs et artistes savent exactement où ils vont… On attend forcément le premier tome de G.I. Joe de pieds fermes.