DÉMONS
We Have Demons #1-3 – Etats-Unis – 2021 / 2022
Genre : Action, Horreur
Dessinateur : Greg Capullo
Scénariste : Scott Snyder
Nombre de pages : 144 pages
Distributeur : Delcourt
Date de sortie : 18 janvier 2023
LE PITCH
Depuis l’aube des temps, des légendes racontent le conflit éternel entre les anges et les démons. Lam Cullen, femme de science, n’y a jamais cru. Mais la perte d’un proche qui lui était très cher la conduit à découvrir un démon effrayant mais bienveillant nommé Hellor. Sa vie va alors prendre une toute nouvelle direction.
The Demon Slayer
Quelques années après leur passage remarqué sur Batman avec, entre autres, le story-arc de La Cour des hiboux, Scott Snyder et Greg Capullo se retrouvent loin de DC Comics pour un projet indépendant, bourré d’action et de démons à trucider. C’est beau, ça débourre et ça rappelle forcément la belle époque d’Image Comics et les débordements des années 90.
Prenant un peu de distance avec DC Comics donc, Scott Snyder s’est lancé en 2020 dans le projet Best Jacket Press. Un studio perso et indépendant qui, après quelques hésitations, a finalement trouvé des partenariats avec Comixology pour une première publication en ligne, puis Dark Horse et Delcourt, respectivement pour les impressions sur papier aux USA et en France. Annonçant déjà quelques futurs titres en collaboration avec, pour n’en citer que quelques-uns, Francis Manapul, Francesco Francavilla ou Rafael Albuquerque, il ouvre le bal ici avec son camarade de Batman, Greg Capullo pour We Have Demons mélange plutôt classique de castagne de super-héros et mythologie biblique. Et ce n’est pas que la performance de l’illustrateur qui renoue avec ses créatures démoniaques totalement déformées et organiques vues dans les pages de Spawn, qui la BD fait inévitablement penser aux créations de Todd McFarlane, mais tout autant pour ses thématiques macabro-bibliques. Une réinterprétation de l’éternel combat du bien contre le mal à travers le temps et les civilisations, que Scott Snyder installe quelque peu laborieusement dans une ouverture extrêmement verbeuse auquel il fera un rappel, avec quelques éléments supplémentaires, à presque à chaque ouverture d’épisode.
Honni soit qui mal y pense
Pas d’enfer et de ciel ici cependant mais des démons extraterrestres qui contamineraient la terre depuis l’aube des temps, difficilement contenus par une organisation secrète, L’Oréole qui seule détiendrait les armes fondues dans le métal pouvant les anéantir. C’est tout cela que va découvrir presque d’un bloc la jeune Lam Cullen, elle qui croyait que son père n’était qu’un gentil pasteur et que son passe-temps incluait quelques pratiques SM lors de ses escapades du weekend. L’héroïne doit alors appréhender cette nouvelle réalité, apprendre à manier sa nouvelle lame meurtrière (étonnement en deux heures c’est plié) et faire équipe avec quelques collègues en collant blancs très moulés et Gus, un imposant et puissant représentant d’une branche perdue de l’humanité partiellement contaminée. Un petit coté Buffy contre les vampires, mais avec beaucoup plus de gros mots (les démons sont d’un vulgaire !) et de morceaux de viandes qui giclent, pour une lecture qui ne fait pas vraiment dans la nuance. Certes le scénariste y insuffle quelques notes un peu plus personnelles sur la nature de la foi (moins religieuse qu’humaniste) et tente bien d’installer quelques élans de paranoïa autour de l’identité peu mystérieuse d’un traitre possible dans son entourage, mais l’essentiel de Démons se tient surtout dans ce mélange d’horreur graphique et d’action totalement décomplexée. A Greg Capullo donc la lourde tache de réussir à faire tenir l’édifice. Ce qu’il fait admirablement bien avec un trait toujours aussi reconnaissable et aguichant, un découpage ultra dynamique et des idées de designs bien macabres tout en restant parfaitement mainstream.
Cela manque tout de même de vraies surprises et de vraies originalités dans ce one shot We Have Demons qui ressemble beaucoup parfois à un épisode pilote pour une nouvelle série en devenir. Pas de doute qu’en cas de succès Snyder et Capullo seraient tout à fait disposés à y revenir… Ou a en vendre les droits pour une série TV ?