DEAD ACCOUNT T.1

デッドアカウント – Japon – 2023
Genre : Fantastique, Action
Dessinateur : Shizumu Watanabe
Scénariste : Shizumu Watanabe
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Kurokawa
Date de sortie : 13 mars 2025
LE PITCH
Sôji Enishiro, 15 ans, est un streameur qui « flame » sous le surnom d’Aoringo. Provocateur et bagarreur, il gagne beaucoup d’argent avec ses vidéos au contenu violent. Toutefois, l’adolescent le plus détesté au monde est en réalité un grand frère dévoué à Akari, sa petite sœur, et un amateur de pâtisseries. Ses vidéos controversées ont pour but de couvrir les frais hospitaliers exorbitants de sa cadette malade. Tant qu’elle se porte bien, Sôji est heureux, même s’il est rejeté des autres. Mais un jour, la tragédie frappe Akari et bouleverse à jamais le destin du jeune homme.
Digimon
Connu, entre autres, pour avoir illustré le fructueux survival Real Account, Shizumu Watanabe (My Girlfriend is a Fiction, Harry Makito) reste connecté avec les applications et les réseaux sociaux dans Dead Account, révision du shonen d’exorcisme, mais remis aux goûts du jour.
Comme nous l’explique didactiquement le professeur principal d’une étrange école secrète japonaise, les nouvelles technologies ont complètement bouleversé notre monde. Et même celui des esprits. Si autrefois ces derniers hantaient des lieux lourdement chargés d’émotions négatives, ils ont aujourd’hui trouvé une nourriture bien plus abondante en se trimbalant sur le net, les applis vidéo et les téléphones. Et leurs cibles privilégiées restent les fameux « dead account », compte sociaux abandonnés par des utilisateurs décédés. Forcément face à cette menace grandissante, les exorcistes ont eux aussi dû se moderniser et s’intéresser à ces nouvelles menaces. C’est ce que va découvrir brutalement Sôji, ancien streameur spécialisé dans les vidéos de haine et de violence, qui recherchait justement les réactions agressives de la part d’abonnés venant tout de même s’exprimer sous ses vidéos ou les partageant en mode dénonciateur. Son intérêt ? Gagner de l’argent pour financer les soins médicaux de sa petite sœur. Pas un mauvais bougre finalement, mais un ado un peu brutos et pas toujours bien finaud (mais au final assez drôle), qui va lui-même devenir la cible de l’un de ces fantômes à la mort dramatique de la gamine. Mais cette confrontation va être aussi marquée par l’apparition de ses pouvoirs spirituels via une flamme bleue que l’on découvrira ne pas être de si bon augure.
Nettoyage de données
Pas si loin de Blue Exorcist ou du vétéran YuYu Hakusho, Dead Account ménage donc une relecture contemporaine d’un certain folklore japonais, désormais plus tourné vers les combats délirants à base de pouvoirs spectaculaires (force surdéveloppée, masse qui sort du téléphone, puissance électrique…) et embrassant des codes narratifs purement shonen. Notre brave héros va donc devoir se dépasser et apprendre à maitriser à la dure ses nouvelles capacités, explorer un monde qui lui était jusque-là inconnu tout en se faisant de nouveaux amis et alliés, afin bien entendu d’assouvir une vengeance qui lui sert, avec sa bonne humeur, de moteur. Une bonne dose d’humour souvent assez bien placée, des personnages secondaires allumés et farfelus, de l’action efficace et parfois même tendue, Dead Account ne perd cependant pas non plus de vue sa spécificité en joueurs régulièrement sur l’effet miroir avec les véritables dangers des réseaux et plus généralement la toxicité de la vie en ligne. Entre métaphore des stalkers, hackers, haters et autres pervers harceleurs, ces jeunes exorcistes et leurs cibles démoniaques ne sont, au-delà des apparences, finalement pas si éloignés que ça.
Un premier tome assez réussi donc et doté de belles pistes pour devenir à son tour une longue série à succès, Dead Account marque aussi au passage une belle amélioration dans la finesse des illustrations de Shizumu Watanabe. Avec un petit soupçon d’atmosphères horrifique façon J-Horror, ses planches sont dynamiques, fluides et toujours très agréables à l’œil.