DAWNRUNNER
Dawnrunner #1-5 – Etats-Unis – 2024
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Evan Cagle
Scénariste : Ram V
Nombre de pages : 168 pages
Éditeur : Hi Comics
Date de sortie : 30 octobre 2024
LE PITCH
Il y a un siècle, un portail s’est ouvert en Amérique Centrale. Des monstres géants, les Tetzas, sont apparus à travers ce passage et ont changé le monde tel que les humains le connaissaient… pour toujours. Anita Marr est la meilleure pilote d’Iron Kings, ces robots géants utilisés par les humains dans leur lutte contre les Tetzas. Sa vie bascule lorsqu’on lui propose de tester un tout nouveau prototype révolutionnaire…
Connexions maternelles
Les kaiju sont absolument partout, au cinéma, dans les BD bien entendu et le genre a surtout réussi à prendre son indépendance hors des frontières nippones. Parfois pour un bien, mais pas toujours. Une mode certaine, ou un retour à une forme inquiétante de nature dévastatrice, en tout cas même le scénariste Ram V (Le Dernier festin de Rubin, These Savage Shores, Toutes les morts de Laïla Starr), qui a décidément le vent en poupe ces derniers mois, y va se sa propre variation.
Dans Dawnrunner, on découvre donc une nouvelle fois une humanité acculée, s’efforçant de retenir une invasion de créatures gigantesques s’échappant d’une faille mystérieuse. Pour les contrer, des machines géantes ont été crées et ont permis de maintenir le statu quo depuis une petite centaine d’années… Et même d’offrir quelques grands moments de divertissements pour une humanité réunifiées sous le contrôle de consortiums industriels et d’une société des spectacles. Classique, tout comme le cadre général du récit qui pioche allégrement autant dans le Pacifim Rim de Guillermo Del Toro que dans la mythique série d’animation Evangelion dès lors qu’il se concentre sur la nature même des Iron Kings et leurs pilotes. Moins inspiré, ou en tout moins original qu’à l’accoutumé, Ram V s’offre surtout un cadre pour donner naissance à un véritable cocktail de références cyberpunk, de détails SF, où se doit d’affleurer et réapparaitre progressivement la question humaine. Moins une idée de transhumanisme qu’un retour, comme souvent avec le scénariste, à l’essentiel, à ce qui motive les hommes, leur existence, leurs évolutions et leurs combats : la famille. Ainsi Anita Marr, pilote star, ne résiste finalement que dans l’espoir qu’un remède soit découvert contre la maladie auto-immune de sa fille. Et lorsque nait entre elle et la personnalité de Ichiro Takedo, véritable Ghost in the Machine du nouveau modèle Dawnrunner, c’est uniquement par ce même instinct de préservation de la progéniture.
Future state
Loin des batailles dévastatrices entre les colosses, une reconnaissance s’effectue, un partage et un dialogue entre mélancolie et poésie, tragédie simple dans un décorum qui ne l’est pas vraiment. Ram V développe joliment ses protagonistes et tout ceux qui gravitent autour d’eux, mais oublie tout de même de véritablement achever certaines des pistes purement dramatiques qu’il avait distillées (la nature des Tetzas, la raison de leur venue…) s’échappant dans un ultime chapitre par un long texte explicatifs laborieux et lacunaire, après avoir laissé le soin à son artiste Evan Cagle (Detective Comics, Dune House of Atreides) le plaisir de tout ravager dans un duel final hors normes. Un dessinateur qui monte et qui impose ici encore (merci au grand format proposé par Hi Comics) une belle démonstration de force dans la finesse de ses designs humains, sont jeu étonnant sur les trames façon manga et une visualisation des plus convaincantes d’un récit d’anticipation technologique. Quelques scènes de batailles se perdent encore dans un découpage pas ultra lisible et les créatures autant que les mécha manquent d’un soupçon d’originalité, mais les planches n’en sont pas moins aussi riches que spectaculaires.
Des airs de gros blockbuster à l’américaine, mais avec un supplément d’âme et un soin tout particulier apporté au facteur humain aurait pu faire de Dawnrunner un incontournable du comic kaiji. Beau, souvent touchant, mais cette mini-série en cinq chapitres manque curieusement de finition. Petite déception donc.