C’était d’ailleurs le but initial, dès leur création en 1964 dans The Brave & The Bolt et surtout dans leur plus célèbre incarnation des New Teen Titans telle qu’imaginée en 1980 par Wolfman et Pérez : prendre un jour la relève de leurs célèbres mentors adultes. Mais les années ont passées, les héros ont grandis, sont devenu indépendants, sans finalement être capable de déboulonner Batman, Superman, Wonder Woman et le reste de la Justice League de leur pied d’estale, jusqu’à aujourd’hui. Voici donc Nightwing, Starfire, Beast Boy, Raven, Cybord, Donna Troy et Wally West (le super-héros aquatique Tempest et la dernière incarnation de Swamp Thing ne sont pas loin) qui recomposent leur bonne vieille bande, s’installent dans une toute nouvelle T-Tower et font déjà la nique aux services de sécurité américains représenté par le désormais célèbre Peacemaker. Le difficile enjeu pour le scénariste Tom Taylor (Nightwing, Suicide Squad, Injustice…) étant de donner une véritable ampleur à l’équipe, souligner leur passage définitif à l’âge adulte tout en préservant la dynamique vive et la franche camaraderie qui à toujours fait le sel du groupe.

Forces vives

Et il ne s’en sort pas si mal, installant dès le premier chapitre plusieurs trames parallèles plutôt pertinentes et qui soulignent les différentes facettes du titre : d’un coté une enquête pour retrouver le meurtrier d’un Flash venu du futur (pour souligner la filiation avec la Justice League), le retour de Brother Blood et de son culte mais en version politiquement correct (pour le passif des Teen Titans) et une volonté de mener des missions durables pour sauvegarder la planète au-delà des affrontements contre les méchants habituels (pour le sang neuf). Pas le temps de s’ennuyer donc, puisque bien entendu en plus de l’action attendue, l’auteur n’oublie pas l’incontournable aspect soap en accompagnant les évolutions du couple Beast Boy / Raven. Un sympathique coup de jeune qui sans vraiment révolutionner l’univers DC lui donne tout de même une impulsion plus fougueuse et clairement plus positive que l’homologue Justice League de ces dernières années. A ce titre, la présence de la talentueuse illustratrice Nicola Scott (Wonder Woman, Earth 2, Birds of Prey…) pour au moins ces cinq premiers chapitres, semble idéale de par son dynamisme, ses contours iconiques et sa légère réinterprétation des costumes et de la maturation des personnages.

Très bonne surprise donc que ce nouveau départ pour les Titans, qu’Urban accompagne très généreusement des autres publications attachés à ces personnages. Les deux épisodes liés à l’anecdotique event Knight Terrors tout d’abord, mais aussi et surtout le World’s Finest Titans de Mark Waid (Impulse, 52, JLA, Daredevil…) et Emanuela Lupacchino (X-Factor, Starfire, Supergirl…) qui pour le coup re-raconte les jeunes années de la petite bande avec un contexte contemporain. Une réinterprétation des fameux New Teen Titans de la grande époque dans le monde actuel avec utilisation intensive des réseaux sociaux (afin d’intervenir au plus vite mais aussi de se faire mousser) ou une visite à une convention de fans. Pas de nostalgie à l’horizon mais une comédie adolescente moderne pleine d’esprit, d’humour et d’aventure qui mérite tout à fait de sortir de l’ombre de la série principale Titans.