DARK RIDE T.1

Dark Ride #1-4 – Etats-Unis – 2022
Genre : Fantastique, Horreur
Dessinateur : Andrei Bressan
Scénariste : Joshua Williamson
Nombre de pages : 128 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 6 mars 2024
LE PITCH
Devil Land est le premier parc d’attractions au monde sur le thème de l’horreur. Il abrite l’attraction la plus effrayante jamais créée : le Devil’s Due. Mais lorsque Owen Seasons, fan depuis toujours, y débute sa première journée de travail, il découvre les véritables horreurs qui se déroulent en coulisses. Le travail de ses rêves pourrait bien se transformer en son pire cauchemar
Un ticket pour l’enfer
Après avoir mené à bout leur grande saga Birthright (10 tomes chez Declourt) et la mini-série Justice League Incarnate, Joshua Williamson (The Flash, Infinite Frontier, Ghosted…) et Andrei Bressan, rempilent en duo pour une virée dans un parc d’attraction célébrant l’horreur sous toutes ses formes. Mais comme souvent, c’est en coulisse que la magie opère…
Joshua Williamson est un auteur au top de la vague et ne rechigne certainement pas à collaborer avec DC Comics pour un quelques blockbusters super-héroïques. Mais comme beaucoup, et comme il l’avoue assez facilement en interview, les comics qui lui tiennent le plus à cœur sont ceux dont il crée l’univers de toute pièce avec l’assurance d’une certaine indépendance. C’était bien évidemment le cas pour la saga familiale et fantasy Birthright, mais aussi pour le thriller horrifique Nailbiter et sa petite ville américaine comme berceau d’une armée de serial killer. D’une certaine façon, Dark Ride est une autre occasion d’égratigner le verni d’une belle tradition américaine et d’observer quel mal peut se cacher derrière. Ici donc le fameux parc d’attraction, héritier lucratif des fêtes foraines, et dont les Etats-Unis sont à la fois les clients et les créateurs les plus productifs. Côte ouest ou côte est, entre les parcs Universal, les plus traditionnels mais exportés Disney, et leurs nombreuses copies, il y a largement de quoi faire. Le scénariste ne cache d’ailleurs clairement pas ses références à l’Empire Disney dans la confusion entre le créateur, ici Arthur Dante, ses personnages iconiques (divers démons souriants) et les rumeurs, souvent sombres, qui entourent sa personnalité. Sauf que bien entendu dans Dark Ride il y a une certaine part de vérité puisque Dante a bel et bien signé un pacte avec le démon son parc de l’horreur tant désiré. Qu’a-t-il promis en échange ?
Le tunnel de l’amo… de la mort !
C’est sans doute la grande question de cette maxi série en 12 chapitres (trois albums prévus en France) qui met habilement en place son univers tortueux et surtout une petite galerie de personnages qui gravitent autour du Devil Land : on y trouve le fana d’attractions qui enquête pour ses prochaines émissions sur youtube, un adolescent dont le rêve était de se faire engager, sa sœur qui reviendra sur les lieux après son étrange disparition et puis bien entendu Samhain et Halloween, les enfants de Dante qui s’écharpent pour attirer l’attention du paternel. Jusqu’où peut-on aller par passion pour l’horreur, par intérêt ou les deux ? Dark Ride n’est pas qu’une lecture en montagne russe qui alterne l’humour noir et les jaillissements d’une horreur plus graphique et bien gore, mais aussi un scénario qui malmène sévèrement ses personnages, les mettant face à un héritage terrifiant et forcément particulièrement coûteux. La séquence la plus violente restant celle où les démons poussent la fille de Samhain à se taillader les veines pour « aider papa dans son travail ». Le grotesque est présent et nécessaire dans un lieu où les décors les plus célébrés s’appellent « La Montagne au meurtre », « La Zone Zombie » ou « Les Bois Garous » mais Dark Ride manie tout aussi bien l’horreur plus psychologique et atmosphérique. Toujours aussi efficace à la planche à dessins, Andrei Bressan donne un petit côté léger, presque pop à ses personnages, fouillant avec minutie les décors du parc ou multipliant les détails sur les produits dérivés. Mais il se montre clairement plus inspiré et marquant encore lorsqu’il se laisse aller à quelques tableaux sanglants, voir même à des visions infernales.
Conçu comme un roller coaster avec une bonne dose d’esprit popcorn et gore quelques parts entre l’ironie des EC Comics et les films décomplexés des 80’s, Dark Ride démarre sur les chapeaux de roue, puis fait monter le lecteur tranquillement tout en haut du lift hill. Vivement le looping…