DARK GATHERING T.1&2
ダークギャザリング – Japon – 2019
Genre : Fantastique
Scénariste et dessinateur : Kenichi Kondo
Nombre de pages : 192 et 208 pages
Éditeur : Mana Books
Date de sortie : 1er février 2024
LE PITCH
Keitaro est étudiant à l’université. Par le passé, sa capacité à attirer les esprits a causé des ennuis à sa meilleure amie. Malgré cela, il accepte un emploi à temps partiel en tant que professeur particulier, mais son élève, une jeune surdouée du nom de Yayoi, devine son pouvoir au premier coup d’œil. Elle l’invite à l’accompagner dans un lieu hanté…
C’est le début d’une palpitante chasse aux esprits maléfiques !
La chasse aux fantômes
Si l’anime de Dark Gathering est déjà visible sur ADN depuis l’année dernière, le manga (déjà 14 tomes au Japon) manquait encore à l’appel. Et c’est Mana Books qui rattrape cet écueil en lançant sa traduction française avec les deux premiers tomes en même temps. Belle occasion de (re)découvrir ce titre entre horreur et humour déjanté.
Jeune lycéen taciturne et particulièrement timide, Keitaro est affublé d’une double malédiction. Sa main est ainsi marquée par un sort reçu quand il était plus jeune et il a aussi malheureusement tendance à attirer tous les fantômes et esprits vengeurs qui passent par là. Du pain béni pour Yayoi, cousine de son amie d’enfance (et amour inavoué) Eiko, gamine bien étrange aux pupilles en forme de crane et qui depuis la mort de ses parents tente de retrouver le revenant qui en serait responsable. Deux personnages féminins beaucoup plus délurés que le jeune homme qu’elle ne cesse de trainer sous de faux prétextes (sortie au restaurant, weekend camping…) dans les lieux plus hantés du pays dans le but de capturer les fantômes et les joindre à la collection macabre de Yayoi. Un poil hystérique, s’amusant de sous-entendus douteux, martyrisant gentiment le pauvre héros, les deux demoiselles sont souvent le moteur d’un humour en décalage, presque parodique, mais qui se marie cependant parfaitement avec l’ambiance pourtant très sombre du manga. Si effectivement les personnages sont des jeunes adultes, qui n’auraient pas dépareillés dans une comédie adolescente, ils sont constamment plongés dans un monde très sombre et violents, et surtout une succession de réinterprétations de légendes urbaines plus ou moins célèbres. La femme tuée dans une cabine de téléphones qui passe des coups de fil à ses victimes, le club des suicidés qui attire les étudiants un peu en marge, les poupées possédées, le pont des pendus ou la vidéo ou le personnage immolée prend l’apparence de sa future victime réelle, sont autant d’occasion de jouer avec la dynamique du trio et des les confronter à des menaces bien réelles, qui feront frémir les amateurs de J-Horror et de gothique un poil gore.
The Frighteners
L’équilibre est particulièrement bien dosé, et même lorsque Yayoi se met à trucider les fantômes à la pelle armée d’un sabre sacré ou à les enfermer dans des peluches toutes mignonnes l’effet passe comme une lettre à la poste. Deux premiers volumes plutôt malins et sans temps mort dans lesquels Kenichi Kondo ne se contente certainement pas de construire chaque chapitre autour d’une nouvelle histoire à dormir debout, mais où il installe efficacement son récit au long court en soulignant les liens qui se resserrent entre les personnages, les sentiments amoureux qui habitent Keitaro et Eiko, mais aussi la personnalité étrangement dédoublée de cette dernière qui passe de jeune romantique fleur bleue à une créature au visage flippant et pervers, obsédée possessive dans l’ombre. Un secret que l’auteur laisse pour l’instant mais qui souligne déjà très bien comment Dark Gathering peut rapidement vriller d’un ton à l’autre et glissement drastiquement dans une tragédie beaucoup plus sombre. Pour sa première vraie série et plus simplement sa première publication en volume, le manga-ka affiche déjà de sacrés talents narratifs et un style qui ne manque certainement pas de charmes. Les ambiances tour à tout légère et sombres cohabitent très bien, les dessins des personnages ne sont pas forcément des plus originaux mais campent bien leurs personnalités et le découpage des passages les plus tendus jouent aussi efficacement avec les codes de l’horreur qu’avec une nervosité plus shonen. On comprend aisément à la lecture de ces premières pages les raisons du succès du titre dans son pays natal et sa transposition presque immédiate en anime…