En quête de connaissance, de trésor ou de vengeance, une troupe se forme dans un monde médiéval où les dragons auraient toujours été une réalité. Dans un contexte qui évoque directement la Guerre de 100 ans, une autre guerre, plus longue et meurtrière, oppose les descendants du mythique Ziegfried à ces créatures reptiliennes qui foulent le même sol que nous, en profitant pour laisser quelques rejetons hybrides comme les griffons ou les méduses. Entre mythologie et grande histoire, Dans le ventre du dragon réussit parfaitement à mélanger ses aspirations, et vient creuser avec imagination la nature et les origines de ces fameuses créatures en explicitant par exemple la véritable teneur des fameux trésors sur lesquels ils aiment tant roder. Il fait aussi de Ziegfried, et de son combat contre Fafnir le départ d’une terrible malédiction qui fait du héros et de sa descendance des guerriers quasi-immortels mais porteurs de la malédiction du sang des dragons qui les rends de plus en plus monstrueux à chaque blessure.

Dans la gueule du loup

Auteur des séries Le Bourreau, La Licorne ou de l’excellent Conan Le Cimmerien Au-delà de la rivière, Mathieu Gabella impose un univers déjà riche et assez original avec toujours une Fantasy moins féerique que réaliste. Venu des univers du Jeu de rôle et des jeux de société, Christophe Swal (Darken) y apporte une touche relativement classique mais maitrisée, avec un découpage dynamique, des personnages bien typés et des illustrations parfaitement évocatrices. L’effort est bien entendu particulièrement porté sur les différentes formes de dragons, moins simplistes que l’habituelle opposition européenne / asiatique, souligné par un superbe jeu de couleurs concoctés par Simon Champelovier (Réincarnations, Crusaders…). En grande partie grâce à tout cela, la mission improbable de l’embarquer sur un navire, de débarquer en pleine bataille maritime afin de se laisser gober par un dragon gigantesque attirés par la viande qui tombe à l’eau, passe « crème ». Mieux, dans ce déluge de feu et cette opposition d’échelle, les auteurs s’amusent autant en rendant hommages aux films de Ray Harryhausen qu’à notre Jules Vernes nationale, embarquant les survivants dans une variations inattendue du Voyage au centre de la terre et le mythe de Jonas. Premier tome d’une trilogie annoncé, Udo offre une belle entrée en matière et promet quelques bonnes surprises pour la suite.