DAMN THEM ALL T.1

Damn Them All #1-6 – Etats-Unis – 2022 / 2023
Genre : Fantastique
Dessinateur : Charlie Adlard
Scénariste : Simon Spurrier
Nombre de pages : 200 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 14 février 2024
LE PITCH
Ellie « Bloody El » Hawthorne est une anti-héroïne, occultiste, dont les services sont à louer. À la suite de la mort de son oncle, un détective de l’occulte, les 72 démons de l’Ars Goetia sont mystérieusement libérés de leur royaume infernal. Ellie va devoir pourchasser chacun de ces démons et les renvoyer en enfer par tous les moyens nécessaires, que ce soit de l’Eau bénite ou… son bon vieux marteau rouillé !
Britxorcist
Particulièrement occupé durant de longues années à plonger les lecteurs dans un monde envahis de morts-vivants, l’illustrateur Charlies Adlard (oui celui de The Walking Dead) revient avec une nouvelle série publiée chez Boom ! Studio : Damn Them All. Un récit de gangsters et de magie noire rédigé au passage par le tout aussi talentueux Simon Spurrier. Ça va être compliqué de passer à côté.
Auteur anglais ayant largement fait ses preuves sur les traditionnels 2000 AD et Doctor Who et ayant livré quelques mini-séries aussi inspirées que surprenantes (Coda, The Spire), Simon Spurrier a définitivement marqué son entrée chez les éditeurs mainstream avec le fameux X-Men Legacy. Moins bizarrement avec son trop court run sur Hellblazer, écrasé par les plus impactantes réinventions signées par quelques-uns de ses compatriotes. Un manque manifestement pour Spurrier qui clairement semble recycler ou rebondir ici sur ce qui pourrait être un scénario refusé par l’éditeur DC Comics devant la mort annoncée de John Constantine et la reprise en main de l’entreprise familiale par une nièce tout aussi borderline et chaotique que lui. Le tonton a beau s’appeler Alfie, on reconnait immédiatement son mélange de charme, de dangerosité et de décontraction de salopard, tout comme un décor londonien qui s’attarde beaucoup moins sur les lieux touristiques que sur les ruelles sombres, les arcanes obscurs du pouvoir et la criminalité organisée qui gangrène les rues. Le lecteur se sent en terrain connu, mais sans les limitations de la licence, permettant justement de bousculer plus encore le quotidien de Ellie, spécialiste de l’ésotérisme, mercenaire de la démonologie, truande à ses heures et menaçant les casse-couilles de son marteau (pas sûr qu’il soit magique).
Hellhammer
De petits airs de polar à l’anglaise donc, avec juste ce qu’il faut de réalisme un poil crasseux, de crudité sociale et de violence sèche mais où la réalité se met totalement à vriller depuis que quelqu’un à libéré sur le monde 72 démons puissants, capables d’assouvir les pires désirs de leurs maitres humains. Autrefois extrêmement ardus à invoquer et maitriser, ils se contentent désormais d’obéir à qui détient l’un des simples médaillons manifestement distribués par monts et par vents pour provoquer un chaos sans nom. Comme toujours Spurrier sait faire monter la sauce, jouant habilement de quelques révélations bien placées, de remises en cause (presque) complètes des personnages (humains ou autres…), tout en maintenant fermement le rythme de son thriller fantastique jusqu’au bout.
Entrecoupés d’extraits des notes (tranchantes) de tonton Alfie sur les démons et les organisations ésotérique croisées, les premiers chapitres de Damn Them All captivent autant qu’ils séduisent avec leur humour noir acéré, des échos politiques bien placés et bien entendu une mise en image redoutable signée Charlie Adlard. Particulièrement en forme après une longue respiration qui lui a permis de se remettre du marathon The Walking Dead, il retrouve ici le mélange de réalisme et d’horreur qui lui va si bien, avec des contours toujours aussi brutes et évocateurs, mais dont l’efficacité est clairement décuplée par sa collaboration avec la coloriste Sofie Dogson (Bitter Root, Golden Rage…) : les séquences de bad trip démentiels provoquées par les apparitions des démons dans la réalité humaine, entre délires psychédéliques, cauchemars infernaux, vomis généralisés et explosions de tripes, laissent effectivement quelques taches.