DAI DARK T.1
大ダーク – Japon – 2019
Genre : Science-Fiction, Horreur
Scénariste : Q-Hayashida
Illustrateur : Q-Hayashida
Éditeur : Japon
Pages : 208 pages
Date de Sortie : 16 mars 2022
LE PITCH
Sanko Zaha, un ado qui adore les spaghettis, voyage dans les ténèbres de l’espace infini. On raconte que ses os exauceraient n’importe quel souhait. C’est pourquoi les pires malfrats de l’univers veulent lui faire la peau ! Heureusement, toujours accompagné d’Avakian, son fidèle compère, il n’hésitera pas à désosser gaiement tous ses assaillants.
Dai Dai Dai
Après avoir achevé au 22ème tome sa longue saga épique et déglinguée Dorohedoro, la mangaka Q-Hayashida revient chez Soleil avec Dai Dark épopée cosmique dont la superbe finition de l’édition (jaquette transparente et imprimée, pages couleurs) ne doit pas cacher l’essentiel : c’est encore et toujours complètement frappé…. Voir plus que jamais.
Planches ultra fouillées, frôlant parfois l’avalanche de textures, de traits et de hachures, designs mêlant fausse naïveté manga avec des environnements low-tech aux lisières de l’organique décadent, mélange constant de tons et de genres passant de l’humour le plus naïf à un découpage gore de combattants aux look improbables : le style de miss Q est reconnaissable entre mille, totalement baroque et profondément original. C’est sans doute pour cela que sa première grande œuvre, Dorohedoro aura mis tant de temps avant de s’imposer chez nous et ailleurs (merci aussi à la série animée diffusée sur Netflix). Et l’autrice n’est pas prête de calmer ses ardeurs comme le prouve rapidement sa nouvelle création, Dai Dark. Toujours baigné dans un univers de SF gothique suintant, la série suit les mésaventures de Sanko Zaha, jeune héros pouvant se recouvrir d’une armure organique dont la légende dit que ses os pourraient exaucer tous les vœux. Qui ? Pourquoi ? Vraiment ? Sanko espère bien un jour le découvrir, aidé par son fidèle compagnon Avakian, machine squelettique qui a l’habilité de se déguiser en sac-à-dos. Une figure insouciante, totalement candide qui tente encore et toujours de se lier d’amitié avec les plus improbables des personnages (Death Delamor bouffeuse d’âmes de décédés) et qui se met régulièrement en danger (oh un trou noir !) sans même y penser. Un shonen joyeux et enjouée ? Oui et non.
Les comiques de l’espace
Car tout cela se déroule dans un cosmos peuplé de tueurs sanguinaires, de démons surarmés, d’extraterrestres à tête de seau (euh) à l’haleine mortelle et tout se résout le plus souvent dans le sang avec membres tranchés, têtes arrachées, squelettes dépouillés et autres joyeusetés. Les morts ont d’ailleurs une importance capitale ici puisque leurs restes se revendent à la pelle chez les commerçants itinérants d’Obscura (le monde des ténèbres) en échanges de nouveaux pouvoirs et d’amélioration d’attaques, de défenses ou d’options pour le véhicule… Comme dans un RPG. Bizarroïdes mais réjouissant et toujours surprenant, Dai Dark patauge dans les concepts improbables faisant de la rupture de ton, du collage Frankenstein, du dégueu ridicule une nouvelle forme d’art. Il suffit de voir ces gigantesques vaisseaux spatiaux en formes de cadavres bovins pour comprendre qu’on a mis les pieds dans un manga autre. Construit comme un volume introductif présentant sobrement (?) les protagonistes, l’environnement et donnant quelques pistes sur les enjeux à venir, ce premier tome de Dai Dark se contente presque pour l’instant de petits épisodes décontractés, comme décrire une rencontre fortuite avec des mercenaires dirigés par un mutant à trois têtes, ou de faire un petit détour dans la jeunesse du héros se cachant sous le pseudonyme de Spaghetti-boulettes. Mais la narration totalement décontractée de l’autrice, ses folles absurdités servant d’inspirations tout autant que ses graphismes rappelant une symbiose dégénérée entre Giger et Druillet, imposent une nouvelle fois une œuvre absolument hors norme. Le sentiment de putréfaction généralisé n’a que rarement été aussi rafraîchissant.