CROSS OF THE CROSS T.1
十字架のろくにん – Japon – 2020
Genre : Thriller
Scénariste & Dessinateur : Shiryu Nakatake
Éditeur : Delcourt / Tonkam
Date de sortie : 3 janvier 2023
LE PITCH
Shun Uruma, un élève de sixième, est persécuté depuis toujours par ses camarades. Surnommé le Cobaye A, le jeune garçon ne trouve du réconfort qu’auprès de ses parents et de son petit frère. Mais lorsque sa précieuse famille lui est arrachée par nulle autre que ses tyrans, Shun perd tout espoir. Avec l’aide de son grand-père, ancien membre d’un bataillon secret, il va redonner un sens à sa vie grâce à sa soif de vengeance.
Un plat brulant
Alors que les affaires de harcèlement sont à la mode dans le débat public (mais dans la réalité ça n’a changé ni leur nombre ni leur triste réalité), Cross of the Cross entend illustrer le chemin violent d’une ancienne victime prête à tout pour assouvir sa vengeance. Tout.
La première qualité de ce premier recueil et d’aborder sans détour la violence absurde aussi bien physique que psychologique que peut subir un jeune adolescent qui n’a rien demandé. Shun, surnommé Cobaye A par la bande de petits tortionnaires, n’a en effet rien d’extraordinaire et pourtant il semble prêt à accepter son destin de victime. Mais le groupe mené par un leader définitivement sadique et aux contours psychopathe, entend bien mener leur expérience jusqu’au bout, lui faisant payer son changement d’école par la mort de ses parents et un petit frère plongé dans le coma, à la suite d’un faux accident de voiture. Quelques années après et un apprentissage auprès d’un grand-père au passé trouble, Shun revient dans son quartier, s’inscrit au même lycée que ses anciens bourreaux et prépare une vendetta impitoyable.
Le mal par le mal
Les premiers chapitres en présence ici installent solidement le récit et surtout explorent plutôt efficacement l’état d’hébétude qui peut frapper la victime de ce type d’agissements, avec bien entendu un ultime drame qui va le pousser à passer à l’acte. Même la seconde partie sait prendre son temps, explorant la petite vie estudiantine de Shun (avec un rapprochement pas totalement volontaire avec une camarade de classe), décrivant une réalité pas toujours très reluisante et surtout se rapprochant peu à peu de Katsumi, première cible désignée mais qui semble pourtant pleine de remords et de repentis. Jeune mangaka tout juste découvert par le Shônen Magazine de Kôdansha, Shiryu Nakatake ferre son lecteur en faisant vibrer la corde sensible du rape & revenge, en s’appuyant sur les mêmes contours ambigus et la fascination inévitable de l’adage « œil pour œil ». Un récit trouble et cru, dont on retrouve la sécheresse et l’agressivité contenues dans des planches qui mettent en avant une atmosphère oppressante et cruelle, et un dessin moins joli qu’expressif sur les tourments et les douleurs des personnages.
Des débuts prometteurs comme qui dirait, mais qui semblent un peu trompeurs sur la suite à venir, qui elle va à priori plus que généreusement s’engouffrer dans les déviances beaucoup moins recommandables du torture porn avec de nombreux détails scabreux et une gratuité qui n’est forcément pas aux goûts de tout le monde. Aux goûts de nombreux lecteurs nippons cependant puisque là-bas la série en est déjà à son 14eme volume !