CORSO

Brésil – 2023
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Danilo Beyruth
Scénariste : Danilo Beyruth
Nombre de pages : 232
Éditeur : Éditions Soleil
Date de sortie : 12 mars 2025
LE PITCH
Corso est un pilote talentueux mais indiscipliné de la République des chiens. Après un combat spatial contre les forces de la Monarchie des Chats, il fait naufrage sur une planète inconnue. Pour tenter de survivre et de reprendre sa mission, le pilote solitaire est amené à rencontrer les habitants de ce monde dangereux, à lutter pour sa survie et à faire une découverte qui le stupéfiera !
Sans laisse ni maitre
Après le conte vampirique moderne Love Kills, Danilo Beyruth fait encore et toujours vibrer son art noir et blanc mais cette fois-ci pour le cœur d’un chien : Corso, pilote pour la république canine, naufragé solitaire sur une planète sauvage qu’il va falloir domestiquer.
Désormais signature récurrente dans le petit monde des comics (on l’a croisé sur Daredevil ou Deadpool), le brésilien Danilo Beyruth a effectivement fait ses premières gammes et connu ses premiers succès avec une approche sans couleur. Son trait comic, très énergique, précis et expressif, ne semble en effet jamais autant à son aise que lorsqu’il est « simplement » encrée. Excellent moyen de profiter pleinement de ses formes, de son jeu de liés et de déliés, du travail sur les ombres ou plus largement d’un dynamisme constant, très américain mais surtout toujours révélé par un découpage vif des plus cinématographiques. Un sens certains du mouvement, de l’enchainement rythmé et des pleines pages qui décrochent la mâchoire qui sont admirablement encadrés par des noirs pénétrants. Une fois encore, la nouvelle création indépendante de l’artiste repose donc énormément sur les illustrations et la narration visuelle, pouvant se passer durant de nombreuses pages de dialogues ou d’ajouts textuels. En même temps rien de plus logique puisque le pauvre Corso se retrouve seul et isolé sur une planète inconnue après un crash spectaculaire. Il a beau essayer de discuter avec une sorte de papillon local, mais cela reste à sens unique.
Une affaire de pédigrée
L’album est donc avant tout une sorte de Robinson Crusoé de l’espace, dans lequel le brave héros doit apprendre à comprendre et à s’intégrer directement dans l’écosystème de la planète. Lui qui ne cherche qu’à rentrer semble trouver un meilleur espace de vie dans ces lieux, sans doute aussi parce que quelques flashbacks illustrent parfois une existence compliquée au milieu des autres canidés lorsqu’on n’est pas un animal de race. Une réflexion qui sera plus appuyé encore lorsque Corso se fait plus ou moins adopter par une tribu locale… de chats ! Les ennemis de la république, mais qui pourtant mettent en avant des valeurs et une organisation plus saine que tout ce que Corso avait connu jusque-là. De Seul au monde à Enemy Mine, l’album croise de belles idées sur les notions de bien et de mal, sur le rapport à la différence et aux préjugés, et en profite pour ajouter dans la seconde partie du récit une petite galerie de personnages secondaires, et félins, des plus sympathiques. Une histoire d’amitié et de découverte de soi, un récit initiatique bercé de science-fiction clairement à destination d’un lectorat assez large, voire assez jeune, et qui donc fait toujours la part belle à l’aventure et l’action, alternant les grandes découvertes extraterrestres liées à la faune exotique qui y habite jungles et déserts, et les grandes scènes, d’entrainement, de chasse ou de sauvetage contre une créature géante tout à fait atypique.
Dépaysement total et grands périls au programme et même si on peut trouver la conclusion quelque peu précipitée, Corso est une très jolie épopée sauvage. Au poil.