CHRONIQUES DES MONDES D’ARIA
France – 2024
Genre : Fantasy, Comédie
Dessinateur : Dario Tallarico
Scénariste : William Lafleur
Nombre de pages : 48 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 25 septembre 2024
LE PITCH
Ce voleur, aussi roublard que futé, croupit dans une cage. Pourtant, bientôt un homme mystérieux va s’en approcher et lui proposer un marché : s’il le libère, Jotun devra tout simplement sauver le monde ! Et même si jouer les héros ne fait pas tellement partie de ses spécialités, il accepte. Pour l’aider dans sa quête, l’homme va mettre à sa disposition un tas d’artefacts étranges : une hache hurlante (littéralement), une lanterne qui ne s’éteint jamais, une amulette qui vous fait éclater en sanglots si on vous ment ou encore une tempête dans un bocal… Évidemment, Jotun n’a qu’une hâte, une fois tous ces précieux objets magiques en main : les revendre !
Lancé de dédé
C’est le petit nouveau du monde du jeu de rôle, Aria ou Les Mondes d’Aria, qui se transforme peu à peu en univers crossmedia avec, entre autres, une première bande dessinée produite chez Glénat et qui cultive le même ton décalé et décontracté, véritable comédie dans le décor reconnaissable de la Fantasy.
A l’origine Aria est née sur le net, dans l’émission online Game of Rôles pour être plus précis, où le créateur FibreTigre orchestre émission après émission une grande partie de jeu de rôle en direct et interactive. Des airs de Donjons & Dragons, mais avec un décalage et un regard de biais qui change la donne, créant l’engouement d’une vaste communauté sur Twitch. De quoi donner des ailes et faire émerger un nouvel univers du JdR en proposant en livre et sur papier tous les livres de règles et les guides associés pour recréer les parties directement chez soi avec donc Aria, déjà décliné en six ouvrages. Et ce n’est pas fini puisque si le jeu vidéo en ligne était plus ou moins espéré pour la fin de l’année, les fans peuvent déjà se procurer le 1er roman dérivé chez Nathan avec Légendes des Mondes d’Aria : Le Serment des Runes, mais aussi une première BD chez Glénat avec Chroniques des Mondes d’Aria. Un intitulé bien sérieux pour une aventure dont on peut croiser le sous-titre sur le site de l’éditeur (bizarrement pas sur la couverture) « Vers l’aventure, à reculons » nettement plus proche de la tonalité de l’ensemble.
Pickpocket
C’est que Jotun, voleur de son état, n’a pas franchement la fibre du grand héros et du sauveur du monde. C’est pourtant la mission qui lui incombe depuis qu’il a été libéré de la cage dans laquelle il était enfermé (oui, comme Madmartigan) par un sorcier mystérieux qui lui confie pour l’aider dans sa tache quelques artefacts tout aussi mystérieux et improbables. Héros malgré lui donc, et malgré les deux aventurières qui l’accompagnent à pied, en bateau et en ronchonnant jusqu’à la fête apocalyptique (aussi appelée rave) organisée dans le désert. Le scénariste William Lafleur respecte parfaitement le ton du jeu de rôle initial, s’engouffrant volontiers dans la comédie décalée, toujours aux lisières de la parodie, avec ses « bandits manchots », sa secte chaotique foutraque et ses objets magiques utilisés n’importe comment. Il invoque régulièrement les bons mots de Kamelott, la bonne humeur du récents film Donjons & Dragons, voir même l’esprit déluré d’un Lanfeust. Plaisant, souvent souriant, le récit ne réussit cependant jamais totalement à prendre forme, succession très hachée de petites scénettes et d’épisodes, où cependant l’aspect épique, l’action ou l’engouement purement fantasy peine à prendre sa place. Un peu écrasé par les modèles susnommés, la BD reste sympathique mais ne décolle jamais vraiment, petit one-shot joliment dessiné par Dario Tallarico, signature croisée chez Zenescope sur des Grimm Fairy Tales.
Bonne surprise en revanche pour les rôlistes, l’album s’achève par un petit guide pour adapter l’aventure en scénario pour le JdR avec la fiche du personnage de Jotun et les petites astuces qui font bien.