CHLOÉ DENSITÉ
France – 2017
Genre : Science-fiction
Scénariste : Lewis Trondheim
Illustrateur : Stan, Vince
Éditeur : Delcourt
Pages : 328 pages
Date de Sortie : 08 juin 2022
LE PITCH
Chloé, en voyage aux USA, se retrouve affublé d’un super pouvoir qu’elle ne désirait pas : pouvoir changer sa densité. S’ajoute à cela des extra-terrestres belliqueux qui veulent conquérir la Terre, et d’autres simplement suivre les feuilletons télé des humains…
Super Vegas
Entamée en 2017 la mini-série en trois tome Density s’offre un retour au format intégral avec au passage un curieux changement de titre, Chloé Densité, peut-être effectivement plus proches de l’aspect inconséquent d’une aventure super-héroïque rocambolesque signée Lewis Trondheim et illustrée par le duo Stan & Vince.
Il y a des rencontres artistiques qui semblent évidentes. A tel point d’ailleurs qu’on se demande pourquoi avant Chloé Densité l’iconoclaste Lewis Trondheim et les trublions Stan & Vince n’avaient pas encore signé un projet commun. L’un est le grand orchestrateur de l’univers Donjon ou de l’équipe de L’Associations, les autres sont un duo inséparable qui après avoir longtemps exploré les publications pour adulte connaît un joli succès avec Les Chronokids, l’ensemble forme un trio qui s’est toujours efforcé d’explorer la BD sous toutes ses formes et dans tous les genres. Des créateurs libres et souvent enthousiasmants qui proposent ici ce qui s’apparente à une charmante comédie pleine de légèreté. Un peu étonnant, mais pas tant que ça, lorsqu’au détour d’un dialogue ou d’une situation, l’album décrit une Amérique un poil violente, quelques questions écologiques et une apocalypse présente dans tous les esprits. On ne se refait pas. Mais Trondheim jouerait presque une gamme moins délirante que d’habitude, gardant ici quelques réserves, préférant conter la naissance d’une super-héroïne malgré elle, seul rempart contre une future invasion extraterrestre, à la manière d’une sitcom bien rodée.
Légers flottements
Petite française en voyage à Las Vegas, elle devient donc capable par accident de contrôler la densité de son corps, passant de passe-muraille flottant à une statue indestructible. Acceptation de la situation, apprentissage des capacités, tout cela fait partie des codes habituels, mais le scénario et surtout les dialogues préfèrent tout tourner à la douce dérision, Chloé affichant déjà un caractère bien trempé, accompagnée ici de sa sœur, une copine, et surtout un frangin bien allumé, sans doute fan de l’Agent Mulder. Une bande rejointe rapidement par un allumé survivaliste et parano qui met un plan d’attaque en place… Celui-ci débutant par le casse d’un Casino ! Une simple introduction à une aventure qui va ensuite s’embarquer vers le kaiju japonais et une confrontation improbable contre un alien colossal, multiplier les téléportations et les morts enchaînées pour le frère geek devenu le Die Hard par excellence, pour se conclure par un voyage à l’autre bout de l’univers et un sacré capharnaüm légal et cosmique. Ça part un peu dans toute les sens, mais toujours avec une absence de sérieux, de gravité, absolument réjouissante. Pleine de bonnes idées et de fantaisies, pour une lecture des plus agréables, rythmée par les planches très colorées de Stan & Vince (L’Imploseur, Tess Wood & Campbell) dont les nouvelles recherches graphiques en avaient alors surpris plus d’un. Mélange évident entre la dureté de leurs premières œuvres et la rondeur de leur série pour bambins, le résultat est tout simplement excellent, épuré, essentiel, tout en mouvement et en finesse… Rappelant de façon amusante certains travaux de Lewis Trondheim. Une collaboration qui fonctionne plutôt bien donc, livrant ici une saga complète particulièrement fun et enlevée.