CHASSEURS DE SÈVE
France – 2023
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Alexandre Ristorcelli
Scénariste : Alexandre Ristorcelli
Nombre de pages : 112 pages
Éditeur : Les Humanoïdes associés
Date de sortie : 08 mars 2023
LE PITCH
Les gigantesques branches de l’Arbre-monde hébergent tout un ensemble de clans, tel celui des chasseurs de sève. Lorsque Pierig est capturé par ce clan belliqueux, il comprend que ce sont ses dons de sourcier qui les intéressent. En effet, l’Arbre-monde se meurt et sa sève nourricière avec lui… Accompagné de trois guerriers, Pierig est contraint de trouver l’origine du mal qui ronge le titan végétal, jusqu’au pied de l’arbre s’il le faut.
Le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre
Après Peaux-épaisses et Le Sang des immortels, c’est au tour de Chasseurs de sève de Laurent Genefort de connaître une adaptation en BD au sein du partenariat entre Les Humano et Editions Critic. Une collaboration décidément fructueuse, qui permet ici à Alexandre Ristorcelli de nous embarquer dans un voyage unique.
Plus ou moins connectés par un même univers et surtout par des thématiques profondément liées aux obsessions et aux considérations de l’auteur, les trois grands romans que sont Peaux-épaisses, Le Sang des immortels et Chasseurs de sève démontrent la fascination du romancier Laurent Genefort pour les vastes récits et les plongées dans des univers à l’écologie unique, portées non pas par une technologie visionnaire mais par une omniprésence d’une nature profonde, dangereuse parfois certes, mais logique, imbriquée et organique. Dans Chasseurs de sève il s’agit ainsi d’un arbre-monde, colosse gigantesque, à l’échelle d’un continent, où les tribus humaines se partagent les branches avec nombres de vies des plus exotiques, à l’instar de primates, insectes, plantes…. Un monde presque parfait, où tout semble évident, mais qui aujourd’hui montre des signes de fatigues puisque la sève se raréfie et que certaines zones pourrissent ou s’assèchent. La fin du monde est proche, et comme le veut la tradition fantasy, une petite troupe, pas uniquement composée de volontaires, est envoyé jusqu’aux mythique tronc pour découvrir les racines du mal. Une grande quête où le périple vertical, la multiplication des dangers, prend tout autant l’apparence d’une aventure extraordinaire, que d’un voyage beaucoup plus personnel, voir philosophique, pour Pierig, le fameux Chasseurs de sève du titre.
L’or vert
Un homme connecté au sang de l’arbre, mais qui dès les premières pages perd son Famil (son peuple), ce qui au grès des découvertes et des dialogues avec ses nouveaux compagnons / gardiens, va l’amener à revoir sa vision du monde et remettre en question ses croyances les plus profondes. Une proposition toujours aussi passionnante, aux réflexions profondément modernes et actuelles, qui gagne peut-être même en force grâce au travail d’adaptation soigné et considérable d’ Alexandre Ristorcelli. Un artiste plutôt rare qui après Le Foulard rouge et Le Redoutable escalator s’était surtout tourné vers le format court pour AAARG! et Freakshow Comics. Ici la trame s’étend au delà de la centaine de pages et les planches sont constamment envahies et occupées par une nature omniprésente, écrasante et spectaculaire, où le travail sur les échelles et la grandiosité du paysage ne laissent paraître aucun répit. les illustrations sont bien entendu souvent composées de multiples variations de verts, plus ou moins éclatants, plus ou moins sains, mais les particularité de l’Arbremonde permettent aussi de jouer avec certains contours plus étranges de ce type de science-fiction amenant à découvrir des microcosmes quasi-alien, une multitudes de créatures et de peuplades atypiques et toujours brillamment définies par l’illustrateur.
Un travail visuel impressionnant, ample et généreux, qui donne un nouveau souffle au roman de Laurent Genefort, en capturant avec une certaine majesté toutes les ambitions premières. Une sacrée promenade à l’autre bout d’un univers.