CAPITAINE VAUDOU T.1 : BARON MORT LENTE
France – 2022
Genre : Aventure, Fantastique
Scénariste : Jean-Pierre Pécau
Illustrateur : Darko Perovic
Éditeur : Delcourt
Pages : 64 pages
Date de Sortie : 16 mars 2022
LE PITCH
Voici l’histoire des pirates, la véritable histoire, celle qu’on ne raconte pas aux enfants. L’histoire des marins, installés dans les Caraïbes et conquis par la magie vaudou. L’histoire d’un jeune irlandais capturé par les Anglais. Cormac Mac Leod, à sa grande surprise, va faire preuve d’un don certain pour le vaudou et va devoir affronter son représentant le plus terrible : le Baron mort Lente.
Sombre héros de l’amer
Avec des titres comme Long John Silver, Black Beard ou Raven, les pirates se taillent à nouveau une place de choix dans les univers dessinés. Un retour à toute allure dont profite aussi Jean-Pierre Pécau (Arcanes, Les 30 Deniers, Wonderball…) qui s’offre une nouvelle saga sur les sept mers et embarque avec lui un peu de magie noire.
Si le nom de Capitaine Vaudou connait un certain écho dans votre mémoire, c’est sans doute que vous êtes ou avez été rôliste. Auteur plus que productif d’album en tous genres, Pécau avait aussi fait ses armes dans le petit monde du jeu de rôle et avait imaginé dans les années 90 un système d’aventure croisant généreusement l’aventure de la piraterie et la sorcellerie sous toutes ses formes. Un ouvrage revenu d’entre les morts en 2020 grâce à l’éditeur Black Book et qui se dote désormais d’une extension assez logique en bande dessinés. Pas besoin de connaitre par cœur les règles et de s’armer de sa feuille de note, même si l’excellent illustrateur Ugo Pinson en signe à nouveau la couverture, ce Capitaine Vaudou là est surtout une autre manière d’explorer un même univers. Celui des Caraïbes au cours du XVIIIème siècle où l’ordre des pirates se partageait allègrement les cales des pauvres navires passant par là et s’étripait joyeusement avec la flotte royale britannique ou parfois plus directement entre concurrents. Mais ici la magie n’est pas seulement un mythe mais une réalité, permettant ainsi à un marchant juif de protéger ses intérêts grâce à un puissant golem, ou aux pauvres esclaves noirs de se libérer de leurs chaines en faisant appel à quelques esprits obscurs.
L’âme du Jolly Rogers
Un monde dans lequel le jeune irlandais Cormac met les pieds malgré lui, lui aussi placé au fer pour ses origines mais qui va se révéler protégé par la grande et belle Erzulie (loas de la beauté et de l’amour). Malgré l’intérêt que semble lui porter celle-ci, le héros manque d’ailleurs d’un peu de charisme face au redoutable capitaine qui l’accueil dans sa troupe ou face au terrifiant Baron Mort Lente dont l’équipage est composé de marins zombifiés lancés aux trousses d’un homme-léopard. Un premier tome qui naturellement sert essentiellement d’introduction et de mise en place de la série à venir, mais qui fonctionne déjà admirablement dans son mélange des genres, s’offrant une vraie atmosphère de film d’épouvante à l’ancienne, tout en plongeant fermement dans les atours du swashbuckler classique avec combats maritimes, abordages sanglants et duels au sabre en pleines ruelles. Pécau maitrise parfaitement son décor, crédibilisant le divertissement par une toile de fond historique bien posée et une tapisserie mythologique richement documentée et intimement liée à chaque recoin du scénario. On retrouve là les qualités d’un univers considérable préexistant (celui du jeu de rôle donc), mais aussi l’apport visuel de Darko Perovic (Dr. Watson, Alamo) qui avec un trait semi-réaliste, des décors fouillés et une mise en pace rythmée mais classique, retrouve là aussi toute la flamme des grands films de pirates, fantastiques ou non.
Plus sérieux que la référence moderne des Pirates des Caraïbes, Capitaine Vaudou s’offre un premier tour en mer revigorant.