CAMPUS
Fraternity – Etats-Unis, France – 2018
Genre : Horreur
Scénariste : Jon Ellis
Illustrateur : Hugo Petrus
Editeur : Les Humanoïdes Associés
Pages : 128 pages
Date de Sortie : 19 janvier 2022
LE PITCH
Wyatt vient de faire sa rentrée à l’université. Il y retrouve son ami d’enfance, Jake, avec qui il partage sa chambre. Si le studieux Wyatt souhaite se consacrer pleinement à ses études, Jake est déterminé à profiter de la vie étudiante : il rejoint Omega Zeta Nu, l’une des fraternités les plus prestigieuses du campus. Mais rapidement, devant le changement de personnalité de son ami et l’émergence de phénomènes étranges sur le campus, une inquiétude envahit Wyatt : Omega Zeta Nu semble abriter un puissant démon aux desseins funestes…
Bizut du diable !
Toujours à cheval entre les continents, Les Humanoïdes Associés continuent de produire sous le label H1 Originals des bandes dessinées franco-américaines (ou est-ce l’inverse ?). Et quitte à s’inspirer du voisin US pourquoi ne pas s’adonner à un brin de satanisme au cœur de l’un de ces fameux campus bourrés d’ados aux hormones en feu ?
Auteur encore totalement inconnu (il semblerait que ce soit bien là son premier album), Jon Ellis a dû bouffer du teen movie toute sa jeunesse et aux moins déguster deux-trois fois l’intégrale de Buffy contre les vampires. Il y a une note résolument popcorn dans Campus, une saveur légèrement mentholée qui impose d’emblée une atmosphère très slasher des années 90 qui, forcément, n’est pas pour nous déplaire. Surtout que le jeune auteur n’oublie pas de bien prendre son temps pour installer et crédibiliser ses personnages, en particulier Wyatt et Jack, deux amis d’enfance, séparés par les déménagements et les drames, et qui se retrouvent pleins d’espoir dans leur chambre universitaire. Les dialogues sonnent juste, ne sont jamais trop pesants, et la mise en situation se ferait presque sans texte… Jusqu’à ce que l’un des deux ne s’approche un peu trop de l’une des confréries convoitées par les jeunes qui veulent s’intégrer. Wyatt a suffisamment vécu pour savoir qu’il n’a pas besoin de cela. Jake lui, est sans doute trop blond et futile pour voir le piège se resserrer autour de lui.
Toga party
On ne compte plus les récits de ce type, entre petites sensations fortes et sauvetage amical dans le dernier tiers, où naturellement les différents ingrédients fantastiques, voir horrifiques ici, ne sont là que pour servir de symbolique filée à une certaine vision de la vie étudiante. Le besoin de s’intégrer quelles que soit les humiliations, le rejet des « différents », la réussite élevée au rang de philosophie presque sectaire… Tout ce qui peut mal tourner à l’université, tourne mal ici, et même si ces curieux adeptes se trimbalant nus, un masque d’animal sur la tête, font glisser le récit vers quelques excès bien bis et légèrement gores (Génération perdue n’est pas loin), le scénario de Campus aurait pu tout aussi bien se tenir avec un angle plus réaliste et dramatique, autour d’un semble endoctrinement dans un groupuscule facho. Cela n’aurait cependant pas autant permis à Hugo Petrus (Nick Fury, Midnighter) de s’amuser autant qu’ici. Son style comic tout en rondeur, très pop, au réalisme ultra expressif à quelques encablures de la caricature, sied d parfaitement à ce mélange entre l’atmosphère festive et sexy des fêtes étudiantes délurées, et les dangers qu’elles cachent. Sa tentatrice plantureuse, rouquine cela va de soi, est parfaitement aguicheuse… mais peut s’avérer tout aussi flippante lorsqu’elle s’élève au-dessus du lit avec une voix de baryton et des yeux qui crachent des éclairs.
Efficace comme une bonne soirée vidéoclub entre potes, assez fun avec juste ce qu’il faut de sexe et de violence, Campus ne se refuse même pas une petite once d’émotions bien amenée pour étoffer le tout. Un bon moment.