BRAVE BELL T.1
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Japon – 2023
Genre : Action, Thriller
Dessinateur : Okane
Scénariste : Meeb
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Doki-Doki
Date de sortie : 5 février 2025
LE PITCH
Sôji Sanada est un lycéen à l’esprit et au corps affutés, toujours prêt à secourir les gens dans le besoin. Pour autant, Sôji est loin d’être populaire : il est le fils d’un yakuza, le chef de l’un des plus grands gangs de la région, ce qui lui vaut d’être craint et détesté. Mais tout change le jour où il découvre, sur le pas de sa porte, que l’ensemble de sa famille a été tuée. Animé par une soif de vengeance, il est prêt à tout pour retrouver le meurtrier. Une enquête qui va le mener à découvrir de nombreux secrets sur sa famille…
Tueur malgré lui
Un nouvel anti-héros débarque chez l’éditeur Doki-Doki. Prévue en six tomes, Brave Bell s’intéresse donc à un fils de yakuza, derniers survivant d’un massacre et seul à même de venger son clan. Mais doit-il vraiment passer à l’acte ?
Ça ne doit pas être simple de naitre fils de Yakuza ! Surtout lorsque son seul souhait est de trouver sa propre voie dans la vie et de connaitre une existence des plus normales. Soji Sanada souffre ainsi d’être constamment affilié à sa « famille » et de provoquer une crainte automatique et un rejet des autres élèves. Pas forcément un violent dans l’âme donc, même si le jeune homme sait parfaitement se défendre et s’imposer. Mais le destin va l’obliger à embrasser ses racines lorsqu’il découvre l’intégralité de son clan massacré de manière particulièrement barbare. Récit d’une vengeance donc, mais aussi d’un duel intérieur entre deuil et quête d’honneur, destinée solitaire et recherche d’une « normalité » inaccessible. Surtout, la première partie du tome se montre tout à fait intéressante dans son approche dramatique, plutôt intimiste, à la fois d’un adolescent coincé dans un monde qu’il ne voudrait plus être le sien, et l’évocation de celui-ci au sein du Japon moderne. Les Yakuza ne sont plus forcément ce qu’ils étaient, écartés justement de la société et ostracisés là où ils pouvaient être célébrés autrefois.
Yakuza de père en fils
Mais Meeb le scénariste (inconnu jusque-là), a en ligne de mire le lectorat de Weekly Shônen Magazine et va donc faire brutalement bifurquer son récit vers un univers beaucoup plus sombre et opaque dès lors que Sôji remonte le fil de ce gang massacreur de yakuza, les L.L. (pour Legal Laugh), mais aussi de son propre héritage. En l’occurrence une petite sœur aux pouvoirs capable de contrôler ses cibles, enfermée dans le coffre d’une banque de très haute sécurité. On n’est jamais très loin de la saga des John Wick dans cette manière d’imaginer un monde parallèle peuplé de tueurs aux codes tout à fait particulier, ni dans la mise en place d’affrontements très physiques où pointent déjà quelques capacités au-delà du commun. Si le récit peut sembler encore pour l’instant un peu brouillon dans sa mise en place, disposant de nombreux éléments et personnages (à l’instar de cette amie du lycéen tombée un peu de nulle part), l’atmosphère reste intrigante et le rythme des révélations et de l’action ne manquent pas d’intensité. Autre nouveau venu, le manga-ka Okane, à priori d’origine chinoise, apporte un trait plutôt dur et noir à l’ensemble, creusant souvent les détails les plus brutaux (la découverte des corps, quelques meurtres sanglants et expéditifs…) tout en scrutant la douleur et le désarroi des personnages.
Si les visages et les grands yeux, les poses dynamique et l’âge des personnages font inévitablement shonen, par la cruauté de certains détails de l’histoire, on se sent parfois à la lisière du seinen. A suivre donc pour savoir dans quelle direction la série va s’orienter.