Achevée depuis presque vingt ans pour la version initiale en noire et blanc et depuis plus de dix ans pour la version couleur, Bone a toujours quelques petits trésors en réserves. Dont le fameux Big Johnson Bone contre les rats-garous dont les fans purent avoir une première lecture dès 2000 chez le même Delcourt. Le récit hautement romancé par le protagoniste de sa première rencontre avec les rats-garous et leurs reines et son premier sauvetage héroïque de gentils animaux de la forêt. Coécrit avec Tom Sniegoski, les trois chapitres servent autant de prequelle à la série principale, avec quelques menus détails expliqués (mais pourquoi les rats garou n’ont pas de queue ?), que sont un condensé justement de son esprit extravagant, de ses décalages cartoon et de son mélange de conte et de mythes fondateurs américains. Pas essentiel mais réjouissant, ce concentré d’humour, d’action et de personnages gentiment allumés est désormais directement incorporé dans un volume plus large. Celui-ci accompagne les quelques nuits passées avec une troupe de petits scouts menés par le farfelu Smiley et le rats repentis Bartleby, qui entre deux montées de camps et des sandwichs beurre de cacahouète cornichons (beuark !) raconte quelques histoires de leurs crus.

Les voyages inattendus

Celle de la grande aventure de Big Johnson donc, mais aussi une chasse au trésor chaotique pour Fone et Phoney, ainsi que la légende qui entoure la rencontre entre un Big Jonhson bébé et le terrible monstre de l’hiver. C’est un peu n’importe-quoi mais les enfants son content. Les lecteurs aussi qui vont pouvoir découvrir au passage le totalement inédit en France Le Final, publié aux USA pour fêter les 25 ans de la série. Un épilogue pour le coup, qui montre comment même une fois la grande quête achevée, le retour de nos trois héros (Fone, Phoney et Smiley donc) ne fut pas de tout repos avec les petites disputes d’usage (autour du don du trésor, pas bien vécu par tous), un accident de chariot, un canyon des plus dangereux et un vautour géant. Une trentaine de page qui bien entendu ne transforment pas l’expérience connue de Bone, mais en tout cas la prolonge avec bonheur, grappillant quelques péripéties supplémentaires, et une nouvelle démonstration des talents de narrateur de Jeff Smith. C’est toujours aussi décalé, toujours aussi vif dans le découpage, toujours porté par un rythme éreintant et une imagination sans borne, et bien entendu toujours aussi idéal dans le traitement tout en rondeur et en délicate naïveté de son trait. Et comme pour le reste de la série, la couleur ajoutée ne semble jamais en trop, et s’intègre à merveille dans l’esprit « dessin animé » de la série.