BLEED THEM DRY
Bleed Them Dry #1-6 – Etats-Unis – 2020 / 2021
Genre : Fantastique, Policier
Scénariste : Eliot Rahal, Hiroshi Koizumi
Illustrateur : Dike Ruan
Editeur : Hi Comics
Pages : 168 pages
Date de Sortie : 25 août 2021
LE PITCH
Année 3333. Malgré la méfiance persistante de certains mortels à l’égard des vampires, voilà des siècles que les deux espèces cohabitent pacifiquement. Mais une série de meurtres visant les suceurs de sang vient briser le statu quo dans la mégalopole d’Asylum. L’inspectrice Harper Halloway se retrouve alors plongée dans une enquête qui la mène sur les traces d’un mystérieux complot d’envergure qui risque de modifier à jamais le destin de l’humanité.
Complainte du vampire automate
Échappé du catalogue des Américains Vault Comics voici le one shoot Bleed Them Dry qui s’installe confortablement chez Hi Comics. Un récit plein d’action, aux contours de polar, d’horreur et de SF et qui n’a que six petits chapitres à disposition pour étirer ses ailes. Forcément il y a des victimes sur le chemin.
Né de l’esprit d’un certain Hiroshi Koizumi (serait-ce le vénérable acteur des vieux Godzilla ?), Bleed Them dry repose sur le concept assez simple des vampires ninjas du futur. Des créatures longtemps craintes par les humains mais qui dans un avenir assez lointain vivent parmi ceux-ci, occupant même des positions assez élevées dans la mégalopole d’Asylum et sont considérés comme des citoyens normaux. Ou normaux +. Dans une cité digne des canons du cyberpunk (on pense beaucoup à Shadowrun), le statu quo ne tient cependant qu’à un fil et une série de meurtres très sanglants sur ces immortels va amener l’inspectrice Harper Halloway à découvrir les véritables raisons et occurrences de l’apparition de ses créateurs. Auteur encore peu connu, même s’il a œuvré pour Valiant sur la série Quantum and Woody, Eliot Rahal plonge directement le lecteur dans une atmosphère de roman noir où les références futuristes et fantastiques se marient plutôt efficacement. Ce qui ne l’empêche pas de rapidement bousculer le tout en saupoudrant le tableau d’un séduisant vampire ninja au sabre tranchant (très attendus donc) et de révélations bien brulantes rappelant les grands récits complotistes, voir certains angles de la saga Matrix.
Quand on arrive en ville
Il y a beaucoup d’éléments dans Bleed Them Dry, sans compter les bouleversements que vie l’héroïne, et pourtant la trame se suit très agréablement sans jamais donner l’impression de se noyer sous la masse. Il y a cependant parfois de quoi rester sur sa fin avec des pistes tout juste esquissées, trop rapidement abordées, comme si finalement cet album servait de simple introduction à un univers plus vaste. Le comics reste alors uniquement en surface, se donnant plutôt des airs de série B ultra musclée et sanglante, plutôt que d’œuvre de SF complexe et creusée. L’action plutôt que la réflexion donc, ce qui semble parfaitement convenir à l’illustrateur Dike Ruan, artiste d’origine chinoise, vivant en Italie et travaillant dans le monde des comics, qui cultive ici une narration essentiellement motivée par l’atmosphère et le mouvement. Une ambiance de film de genre des années fin 90 / début 2000, jusque dans sa colorisation très « Batman », un découpage bien nerveux et alerte, des designs de vampires / Shinobi / cyborg qui en jettent, Bleed Them Dry doit effectivement beaucoup à cet artiste que les lecteurs de Marvel ont déjà pu apprécier d’ailleurs sur la récente mini-série dédiée à Shang-Chi.
Une belle gueule avec un petit quelque chose d’Oliver Coipel, un décor de Blade Runner et des suceurs de sang à foison, même si Bleed Them Dry ne laissera pas un souvenir impérissable, il a quelques petits arguments pour se défendre.