BIRDKING LIVRE 1
Birdking Vol. 1 – Etats-Unis – 2022
Genre : Fantasy
Dessinateur : Crom
Scénariste : Daniel Freedman
Nombre de pages : 160 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 15 mai 2024
LE PITCH
Bianca et son maître ont été trahis après avoir reforgé la lame spectrale d’Aduren pour le compte du roi nécromancien Aghul… Dans un monde plongé dans les ténèbres et dominé par la guerre, Bianca, une jeune apprentie forgeron, est forcée de fuir son pays pour partir à la recherche d’Atlas, une terre légendaire. Elle est accompagnée de Birdking, un esprit gardien dont elle devra percer le mystère, au prix de nombreuses batailles.
Manuscrit royal
Après un premier galop d’essai avec le one shot tout aussi barbare mais bien plus détendu Raiders, Daniel Freedman et Crom signent ce qui ressemble au premier tome d’une œuvre majeure avec Birdking. De la Dark Fantasy sévèrement burnée, intensément graphique, mais qui ne manque jamais d’âme.
On ne peut pas dire que les deux noms de nos auteurs soient parmi la top list de l’industrie. Le scénariste Daniel Freedman cachetonne depuis des années dans le métier comme coloriste ou encreur et à réussit à lancer deux titres qu’il a co-crées : Burn the Orphonage et Undying Love pour Image Comics. Christian Ortiz, répondant au pseudonyme de Crom (oui comme le dieu de Conan) et apparaissant toujours masqué (oui comme Daft Punk mais en plus goth) a lentement laissé sa marque sur quelques couvertures de romans, des cartes Magic et la peau de ses clients tatoués. Pas inconnu mais presque, cependant la publication des trois volumes de Birdking est en train de logiquement faire bouger les choses. Il faut dire que dès les premières pages du premier chapitre, le récit à tout pour happer le lecteur en mal d’aventure : un royaume dévasté par une guerre qui n’en finit plus, un seigneur adepte de la nécromancie qui étend peu à peu son joug sur le monde, des épées magiques qui redonnent vie à d’illustres guerriers sous forme spectrale, de lourds secrets de famille et un roi statufié, le fameux Birdking, prêt à reprendre le combat vers la rédemption.
Bianca la destructrice
Et au milieu il y a Blanca, apprentie forgeronne et héritière d’un arbre généalogique dissimulé, éduquée comme Conan en son temps dans l’énigme de l’acier par un maitre dur mais bienveillant, ancien héros de guerre qui en sait lui beaucoup trop. C’est comme toujours par la force d’une tragédie qu’elle va devoir prendre les armes à son tour et réveiller le roi oublié dans les ruines d’à côté. Une trame relativement traditionnelle, mais portée par un véritable souffle épique et romanesque, certaines belles notes de mystère et un monde déjà très habité entre vieilles légendes et assassins morts-vivants s’extirpant des ombres. Même si Bianca est extrêmement bavarde, comme certaines adolescentes, le scénariste installe son récit et ses personnages avec peu de mots et une grande efficacité qui déborde jusque dans les onomatopées et les inserts qui viennent structurer certains cadres des planches. Dans le même ordre d’idée, on sent Crom littéralement bouillonner d’idées et de puissance, donnant à ses quelques affrontements guerriers la violence attendue, mais aussi une sauvagerie élégante, précise et nerveuse. Manifestement très influencé au départ par Mike Mignola dont on retrouve certaines traces dans les designs et les travaux d’aplats pour les couleurs, Crom y apporte une fébrilité plus personnelle et une vision plus pop et acidulée. Dans tous les cas ses compositions et ses explosions de violences visuelles, nourrissent à merveille les premières heures de la quête de ce nouveau duo mal arrangé, mais déjà très captivant.
Du comics de Dark Fantasy forgé dans les flammes de l’Hyperborée, mais patiné avec des vibrations plus modernes réjouissantes. Un bon coup de tranchant et un bon coup de cœur.