Le premier volume, tout à la création de son univers et la mise en place de ses personnages, avait effectivement des airs d’une réécriture contemporaine d’une légende barbare à la Conan. De celles incarnées par une jeune fille, descendante d’une longue lignée de forgerons mystérieux, désormais seule au monde si ce n’était justement ce curieux colosse désincarné, dieux déchus à l’armure gigantesque, au crane enflammé et aux petits oiseaux qui l’entourent. Un duo né dans les flammes et dans la mort, et qui doit désormais réussir à échapper aux armées d’Aghul, seigneur du mal, s’évertuant à conquérir dans les flammes toutes les terres connues. Cette suite se tourne alors plus volontiers vers la structure de la fresque, de la grande traversée digne d’un J.R.R Tolkien où chaque chapitre fait découvrir au lecteur de nouveaux paysages grandioses, de gigantesques lacs habités par les âmes oubliés, des champs de batailles dévastés, des montagnes insondables et d’inquiétantes ruines d’une civilisation perdue désormais habitée par un démon, squelette géant aux mouvement arachnéens, constitués de vers tentaculaires.

La seconde tour

Encore une fois Crom (Raiders) s’en donne à cœur joie faisant contraster sa ligne presque simpliste, cartoony bien que fébrile, avec un pouvoir d’évocation impressionnant où la sauvagerie des batailles cohabite avec les compositions poétiques, voir lyriques. L’esprit de l’épopée d’Heroic Fantasy, mais avec toujours ce petit quelque chose en plus. C’est que malgré la violence et la mort qui habite constamment le récit, Daniel Freedman (Daredevil Noir, Undying Love…) le teinte toujours de petites notes décalées passant par le débit de parole presque interrompu d’une Bianca joyeusement fantasque, où par des touches d’ironie et de distance par rapport au genre même : les pauvres esprits qui se révèlent des créatures plus fragiles que dangereuses, les forts douaniers qui se traversent les mains dans les poches sous le regard médusé des gardes, et bien entendu ce lointain paradis Atlas où tout tourne rapidement à la catastrophe.

On ne s’ennuie jamais dans Birdking, comic toujours aussi accrocheur, aux personnages pleins de vie et d’esprit (avec les retrouvailles avec l’amie d’enfance Ameyla, mais pas que), à l’imagination inspirée et à l’univers grandissant de pages en pages même si on a toujours l’impression d’en apercevoir qu’un ridicule fragment. Vite la suite !