BIG GIRLS
Big Girls #1-6 – Etats-Unis – 2020 / 2021
Genre : Action, Science-Fiction
Scénariste : Jason Howard
Illustrateur : Jason Howard
Editeur : 404 Éditions
Pages : 144 pages
Date de Sortie : 15 avril 2021
LE PITCH
Suite à une terrible maladie, les hommes deviennent des monstres géants, des « Jacks » déterminés à détruire le monde, et seules des filles géantes peuvent les arrêter. Ember et les autres grandes filles sont tout ce qui s’oppose à l’anéantissement complet de notre monde ! Au service d’une agence qui élimine les malades dès leur plus jeune âge, Ember commence à douter de son rôle, se pourrait-il que quelque chose ou quelqu’un se cache derrière cette maladie ? Et si elle pouvait changer les choses ?
Attack of the 50-foot women
En avril dernier un nouvel éditeur, 404 Éditions se lançait dans l’aventure BD en France, en éditant d’un côté le le strip norvégien Dunce, et de l’autre le comics explosif Big Girls. Belle manière (et belles éditions) de mettre les pieds dans le plat et de faire sa place en sommes.
Difficile de faire moins sobre qu’en proposant pour premier comics traduit en France, un blockbuster d’action postapocalyptique où des femmes géantes défendent la dernière citée humaine d’attaques de monstres tout aussi géants mais beaucoup moins jolis. Des castagnes à grande échelle, des destructions massives à tous les étages, des mandales qui explosent le mur du son et laissent peu de survivant… Un bon gros délire kaiju concocté par l’illustrateur Jason Howard, ancien compagnon d’aventure de Robert Kirkman sur Super Dinosaure et Wolf Man, et metteur en scène du plus récent Beach Cemetary pour Warren Ellis. Comme toujours avec ce dernier, le découpage est impeccable, vif, électrisant et furieusement spectaculaire, jouant forcément plus que jamais avec les perspectives et les contre-plongées vertigineuses pour ajouter des sensations véritablement imposantes. Même sensation du côté de son trait, devenu plus anguleux, plus sec et nerveux avec le temps, s’écartant d’un « manga à l’américaine » pour trouver une touche beaucoup plus robuste et personnelle.
Plus c’est grand plus c’est…
Une BD qui en met plein la tronche donc, tout en mettant en place tranquillement, du moins dans un premier temps, un futur peu engageant pour l’humanité et en particulier la gent masculine menacée par un virus étrange de gigantisme et de transformation monstrueuse. Là où ces quelques dames préservent leur humanité, les mâles deviennent des créatures dévorant et détruisant tout sur leur passage. Pour la première fois auteur complet, Jason Howard prend évidement prétexte de ces bastons homériques pour triturer l’habituelle guerre des sexes, et en arrière-plans creuser les petites joies de la société patriarcales. Reste que le scénario se montre par lui-même un peu fragile, car si l’héroïne Ember est plutôt bien présente, faisant preuve d’une jolie humanité, les autres personnages sont souvent tout juste brossés, et les multiples retournements de situations qui vont constituer le cœur des derniers chapitres (spoiler : les monstres ne sont pas ceux que l’on croit) s’enchaînent de manière précipitée et peu convaincante. Une dernière partie un peu abrupte, qui manque du coup d’implication et d’émotion, là où justement l’un des modèles plus ou moins avoué, L’Attaque des Titans, les mettaient largement en avant. Mais comme la partie graphique est parfaitement maitrisée, et que le rythme ne faiblit jamais, ces petites lourdeurs et maladresses se font vite oublier, écrasés sous le poids de ces Big Girls.