BELZAGOR : INTÉGRALE

Retour sur Belzagor T1&2, Les Enfants de Belzagor T1&2 – France – 2017 / 2023
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Adrien Villesange, Laura Zuccheri
Scénariste : Sam Timel, Bruno Lecigne, Philippe Thirault
Nombre de pages : 224 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 2 avril 2025
LE PITCH
Belzagor, planète aux mille mystères n’en finit pas d’intriguer ! Aujourd’hui, la planète a été rendue aux deux espèces endémiques : les Nildoror et les Sulidoror. Dans deux aventures haletantes successives, l’ex-lieutenant Gundersen, dit « Gundy », va se confronter à ses démons et se transformer, sur une planète qui n’a pas livré tous ses secrets…
Une Terre à l’autre bout de l’univers
Toujours dans ses grandes démarches anniversaires, Les Humanoïdes associés réédite en un seul volume les deux diptyques consacrés à l’univers de Belzagor, imaginé en 1970 par le grand romancier SF Robert Silverberg. De la grande science-fiction, lointaine, grandiose, mais qui a beaucoup à dire sur le présent.
Entamé en 2017, la courte série Retour sur Belzagor se voulait une adaptation directe et particulièrement soignée de l’un des chefs d’œuvres de Robert Silverberg : Les Profondeurs de la terre. Une sorte de Space Opera, installée sur la planète éloignée Belzagor, ancienne colonie terrienne qui avait dument retrouvé son indépendance. Mais bien entendu, de part sa richesse naturelle, la présence d’un étrange venin aussi mystique que médicalement miraculeux, cette dernière suscite encore et toujours les convoitises. Un écho évident aux grandes politiques de décolonisation qui se mettaient en branle à ce tournant des 70’s, tout autant qu’aux notions d’ingérence et de spoliations des ressources des nations par les pays occidentaux. Le protagoniste principal, l’ex-lieutenant Gundersen est de la même façon un reflet des nombreux soldats ou forces d’occupations qui s’imaginaient alors prendre part à des missions de pacifications et apporter aux autochtones, sciences, réflexions et civilisations. De retour sur place après quelques années d’exils, son voyage « touristique » et scientifique au travers de terres interdites, vous lui permettre enfin d’aller à la rencontre des deux espèces conscientes de la planète, les Nildoror (aux airs éléphantesques) et les Sulidoror (plus humanoïdes) et surtout de leurs cultures et de leur mystique. Des liens profonds avec la terre et leur planète qui vont totalement transformer la troupe d’aventurier. Fable futuriste aussi bien humaniste qu’écologiste, Les profondeurs de la terre est effectivement admirablement adapté pour la bande-dessinée par Philippe Thirault (Sanctuaire, L’Aigle des mers…) et surtout superbement illustré par l’italienne Laura Zuccheri (Kamasutra, Thellus…) qui apporte un grand réalisme à ces visions, paysages et peuples extraterrestres.
Seconde génération
Mais sans doute que le pari était encore plus risqué pour Sam Timel (Sapiens Imperium, Milan K…) et Bruno Lecigne (Sauvages, Système solaire) qui, fasciné par le roman et sa luxueuse adaptation, se mirent en tête d’en imaginer une suite directe et totalement inédite. Les Enfants de Belzagor donc, nouveau diptyque qui se déroule quelques années plus tard et permet de découvrir les conséquences des révélations finales et l’impact, aussi physique que psychologique, qu’il put avoir sur « Gundy », sa femme, mais aussi le couple de scientifiques embarqués. L’infame Kurtz de retour lui aussi, toujours pour tenter de profiter de la manne financière promise par le venin des Naggiar, reptiles géants et parasites. Et si le premier est presque devenu désormais un gourou capable d’entrer en contacte avec l’esprit de la planète, il est lui aussi menacé d’être expulsé de la planète et n’aura le soutient des Nildoror que s’il accepte d’escorter un « enfant difforme » jusqu’à une région septentrionale inhospitalière, pour le confier à une mystérieuse communauté. Une nouvelle expédition, une nouvelle mission, de nouveaux secrets qui, s’ils ne provoquent forcément pas la même surprise que Retour sur Belzagor, réussit à en préserver la saveur toute particulière, à s’inscrire dans la même logique thématique et à offrir un prolongement des plus convaincants. Et même si les planches signées Adrien Villesange sont peut-être un peu moins frappantes et rigoureuses, la sensation de dépaysement et de redécouverte est totale.
Encore une très belle réédition 50eme anniversaire pour l’un des classiques, récents, du catalogue de l’éditeur. Un format idéal pour ceux qui avaient raté les premières publications, en albums simples ou en recueils, avec en prime en fin d’album un cahier graphique présentant croquis et diverses recherches visuelles.