BATTLE ROYALE : ENFORCERS T.1
バトル・ロワイアル―執行者たち エンフォーサーズ― – Japon – 2022
Genre : Thriller
Dessinateur : Yukai Asada
Scénariste : Koushun Takami
Nombre de pages : 208 pages
Éditeur : Soleil
Date de sortie : 8 novembre 2023
LE PITCH
L’institut d’Extrême Orient est un établissement où sont envoyés les jeunes à problèmes. Cette île-campus est administrée par « Sister », une intelligence artificielle. Un jour, les élèves de seconde F, des fauteurs de troubles, apprennent par Sister qu’ils vont devoir participer à une expérimentation spéciale. Le but est simple : tuer pour survivre. Quiconque tentera de s’échapper sera supprimé.
Nouvelle génération sacrifiée
Plus de vingt ans après son roman culte et son adaptation manga, Koushun Takami revient à l’univers Battle Royale, largement popularisé par l’inoubliable film de Kinji Fukasaku avec Enforcers. Une nouvelle génération de pauvres lycéens envoyés à l’abattoir… pour notre plus grand plaisir sadique.
Dire que Battle Royale, tout support confondu, a définitivement marqué son époque est un sacré euphémisme. Surtout que les répercussions de ce récit d’anticipation dévastateur et violent se ressentent encore et toujours aujourd’hui avec la populaire série des Hunger Games aux USA, où l’increvable mode des survivor adolescents en manga. Peut-être pour remettre les choses au point, l’auteur original revient donc à sa création la plus célèbre avec un nouveau manga (il y eu déjà le spin off Blitz Royale en 2003 et le one shot Angels Border en 2012) se déroulant justement une vingtaine d’année plus tard. Même si le programme Battle Royale a été abandonné, la République d’Extrême Orient reste manifestement un état totalitaire limitant l’accès à la culture (le rock par exemple est dissident), contrôlant l’avenir de ses jeunes ouailles en les parquant dans des établissements scolaires isolés, régenté par une IA répondant au nom de Sister et sous contrôle d’un conseil étudiant qui marche au pas de l’oie. Et naturellement c’est la classe F, où sont regroupés les « jeunes à problèmes » qui vont devenir les pions d’un tout nouveau Battle Royale organisé dans ces murs. « Plus les choses changent plus elles restent les mêmes » disait un grand philosophe en manteau de cuir, et rien n’est plus vrai dans Enforcers.
Le stress des exams
Certes désormais les pauvres gosses doivent s’entraider par groupe d’étude pour survivre à cet examen final et espérer une réhabilitation et quelques éléments de nouvelles technologies s’invitent à la fête (comme cette tablette et ses applications qui ne demandent qu’à être essayer une à une) mais les grandes lignes de Battle Royale sont reconnaissables. Elles reposent encore et toujours essentiellement sur la sensation de danger permanent qui asseyent les personnages et la révélation d’amitiés et de vieilles rancœurs qui trouveront dans le sang leur expression paroxystique. Sans adulte comme interlocuteur comme dans la première série, le titre ne joue pas pour l’instant la carte de la confrontation générationnelle et même les éléments purement politiques restent en retrait se concentrant essentiellement sur la présentation des figures principales comme Sakamato et son meilleur pote Watanabe, séparés dans des groupes différents par un coup du sort. Très vite l’écriture retrouve toute son efficacité agrémentant ce volume d’introduction de premières exécutions aussi brutales et sanglantes que totalement injustes. Il manque peut-être pour l’instant cette fameuse atmosphère malsaine, ces relents poisseux qui émaillaient le récit original, effectivement souvent portés par les planches finalement détaillés et volontairement grotesques de Masayuki Taguchi (Blackjack NEO). Ce dernier laisse ici la place au plus standard Yukai Asada. Un connaisseur des mangas d’horreur qui a déjà signé Ice Pig ou Siren ReBirth et qui se montre effectivement très généreux en hémoglobines, en visage déformés et en cadrages alambiqués, mais dont le trait presque trop fin et surtout peu égal est certainement plus fonctionnel et moins marquant.
Un premier tome prometteur même si moins renversant que le titre de 2000, mais qui réussit déjà à insuffler une vraie tension et à nous faire découvrir quelques ados attachants… Pas sûr qu’ils soient encore là à la fin de la série (toujours en cours au Japon), mais on lira certainement la suite pour le savoir.