Le but avoué des One Bad Day était donc de reprendre le format évènementiel du récit fondateur d’Alan Moore et Dave Gibbons et de s’efforcer d’offrir des épisodes de même importance aux autres vilains principaux des rues de Gotham comme Le Pingouin, Mister Freeze, Bane ou Double Face, déjà disponibles dans la même collection. L’occasion de revenir sur ce moment dans leur passé où tout à basculé, où l’homme presque normal, le simple délinquant et truand, s’est totalement engouffré dans la folie et la destruction. Ce n’est bizarrement pas vraiment le cas ici puisqu’en dehors de courts flashbacks montrant Selina enfant aux coté de sa mère et de sa sœur, alors qu’elles arpentaient les rues en quête d’un moyen de payer le loyer, l’essentiel de la trame se déroule au présent. Un présent pas très loin de la chronologie officielle (les relations avec Bruce Wayne sont au beau fixe) où la chatte voleuse s’apprête à dérober une broche rarissime lors d’une grande vente aux enchères de collection. Une broche qui aurait appartenu à sa mère et se serait révélée, in fine, précieuse. Entre l’argent que l’objet représente et son attachement sentimental, Selina hésite mais le cambriolage pourrait tout autant tourner à la vengeance lorsqu’une concurrente, faussaire de surcroit, pointe le bout de son nez.

Mi-aulement

Il est indéniable que la talentueuse scénariste Gwendolyn Willow Wilson (entre autres créatrice de la Ms. Marvel Kamala Khan) connait parfaitement le personnage de Catwoman et capture immédiatement ses ambivalences, son individualisme, son romantisme, mais aussi son attachement à certaines problématiques sociétales (comme le montre l’ouverture en pleine manifestation), mais cependant en prenant la structure d’une histoire auto-contenue (et encore la fin est ouverture), elle se piège elle-même dans une trame finalement assez classique et prévisible. Une nouvelle poursuite sur les toits, une ennemie temporaire qui la renvoie à sa propre image, quelques cases pour batifoler avec son cher et tendre… On est loin de la redéfinition du personnage ou d’un fascicule bousculant véritablement son univers. Plaisant mais anecdotique, ce One (pas trop) Bad Day est en outre illustré par l’illustrateur épuré Jamie McKelvie, idéal pour donner corps au délire pop de The Wicked + The Divine ou accompagner la chronique adolescente de Young Avengers, mais qui manque sans doute de caractère et de mordant pour les péripéties de Catwoman, avec un rendu presque light, toujours fluide, bien construit, mais trop lumineux et léger pour vraiment s’approcher des blessures et des ombres de la femme-chat. Dispensable.