BATMAN : YEAR TWO

Detective Comics #575-578, Batman : Full Circle, DC Retroactive Batman 80s – Etats-Unis – 1987/1991/ 2011
Genre : Super-héros
Scénariste : Mike W. Barr
Illustrateurs : Alan Davis, Todd McFarlane, Jerry Bingham
Nombre de pages : 200
Editeur : Urban Comics
Date de Sortie : 29 janvier 2021
LE PITCH
À présent que le Romain et sa famille mafieuse ont vu leur règne s’achever suite à l’alliance de Batman et de James Gordon, la ville de Gotham peut à nouveau entrevoir un avenir radieux. Mais le retour d’un justicier du passé, le Faucheur, va mettre en péril l’amitié entre le jeune Chevalier Noir et le commissaire nouvellement nommé. Poussé à bout, Batman va même devoir s’allier avec l’homme qui a changé à jamais le cours de sa vie, et la deuxième année de Batman pourrait bien s’avérer être sa dernière.
L’Année d’après
Aujourd’hui considéré comme un grand classique et un incontournable de la saga Batman, on oublie souvent que le Batman Year One était un projet éditorial DC couplé avec un Batman Year Two. Edité dans les années 90 chez Semic mais uniquement par souscription, cette seconde partie imaginée par Mike W. Barr (Camelot 3000) revient dans la collection bien nommée DC Confidential.
Une autre saga DC restée dans l’ombre donc qui forcément a du rapidement souffrir de la comparaison avec le volume de Frank Miller et David Mazzucchelli, esthétiquement et dramatiquement cohérent, relecture moderne et maîtrisée des origines de Batman publiée dans Batman #404 à #407, de février à juin 1987. Entamé le même mois dans Detective Comics #575, Year Two affiche d’ailleurs clairement la même ambition dans sa manière de piocher directement dans les grandes lignes qui ont fait le succès du personnage et de son univers, tout en le réorganisant sous une forme plus cohérente. C’était d’ailleurs un projet que Mike W. Barr cultivait de son côté depuis un moment déjà, et qui lui permet finalement de reprendre son Batman 1980 rejeté pour l’adapter légèrement aux pistes laissées par le collègue Frank Miller. Seconde année donc de la vie mouvementée du justicier, Year Two mélange allégrement la noirceur et la violence des débuts, avec quelques codes relativement naïfs des premiers super-héros (d’où l’importance du « golden boy » Bruce Wayne).
Justice expéditive
Les spécialistes apprécient certainement le retour de Joe Chill, assassin des parents de Wayne, avec lequel Batman va justement être obligé de collaborer pour mettre fin aux agissements du Faucheur. Une ancienne figure vengeresse de Gotham largement plus expéditive et meurtrière (les criminels, mais aussi les prostitués sont décapités et éventrés par les faux du vigilante), dont le parallèle avec la chauve-souris pousse ce dernier à se confronter à ses démons : le meurtre de ses parents, le rejet de la police légitime, les armes à feu… C’est d’ailleurs là l’aspect le plus intéressant des cinq chapitres qui, malgré les bonnes intentions, semblent constamment bousculés par un autre agenda. Passant bien trop vite sur ses meilleures idées, comme la présence de Leslie Thompkins comme mère de substitution, ou se perdant dans une romance inaboutie avec la fille du vilain, l’event semble trop ramassé et marqué par le retrait dès la fin du premier chapitre de l’élégant Alan Davis (suite à un désaccord avec l’éditeur) au profit du plus brutal Todd McFarlane. L’un soigne ses visages humains, l’autre accentue considérablement l’aspect gothique du héros (les mouvements de cape annoncent clairement Spawn) et horrifique de son adversaire : Le Faucheur. Une figure dont on reconnaitra quelques traits dans le mythique films d’animation Batman et Le Fantôme masqué, mais qui reste cependant toujours un peu ignoré dans la galerie des ennemis historiques.
Fauché en plein vol
Et ce n’est pourtant pas faute de le faire exister, Mike W. Barr s’efforçant de le faire revenir sur le devant de la scène à deux autres occasions réunies dans le présent volume. En 1991 tout d’abord, à l’occasion du récit complet Cercle vicieux et suite directe se déroulant quelques mois après alors qu’un nouveau Faucheur multiplie les exactions dans les rues mal famées de la ville. Une histoire de vengeance familiale assez maline et pertinente qui fait écho à la malédiction des Wayne, mais où le jeune prodigue Robin vient apporter un peu de fraîcheur et de légèreté. C’est aussi l’occasion de retrouver un Alan Davis (Captain Britain, Le Clou) en pleine forme. Beaucoup plus anecdotique malheureusement, le dernier chapitre, La vengeance du Faucheur, publié tardivement en 2011, sent un peu le réchauffé malgré les petits mystères autour de l’identité du nouveau bourreau. Il faut dire aussi que les planches un peu lourdes de Jerry Bingham n’ont pas la même efficacité que celles de ses deux illustres collègues.
Effectivement pas aux mêmes hauteurs que le mythique Year One, le volume français Year Two est cependant plutôt intéressant pour les fans de Batman avec une première partie historique certes maladroite mais indéniablement efficace et qui illustre soigneusement les premières errances de Bruce Wayne, et une seconde presque supérieure par sa formule « récit complet » et la maîtrise d’Alan Davis.