BATMAN : THE WORLD
Etats-Unis – 2021
Genre : Super-héros
Scénariste : Collectif
Illustrateur : Collectif
Éditeur : Urban
Pages : 192 pages
Date de Sortie : 17 septembre 2021
LE PITCH
Le champ d’action de Batman ne se limite pas à Gotham City ! Le Chevalier Noir a juré de rendre la justice partout où l’on a besoin de lui, et ses enquêtes l’ont conduit plus d’une fois aux quatre coins de la planète. Retrouvez dans cet album des aventures du plus grand des super-héros sur tous les continents !
Globe-Trotter
Gros projet éditorial produit par DC Comics cette année, Batman The World est, comme son nom l’identique, une anthologie « mondiale » qui donne l’opportunité à 14 équipes issues de continents et de cultures différents le loisir d’offrir leur vision du Batman.
Autre signe de l’importance de l’album pour DC Comics : le volume a été distribué en quasi-simultané chez tous les ayants droits de la planète afin de marquer le Batman Day (18 septembre) de 2021. Joli coup et jolie proposition que de décliner le défenseur de Gotham aux sensibilités de différents artistes et surtout (parfois) de le plier à l’atmosphère d’autre pays, d’autres citées. Dix pages chacun, dix capitales, dix approches, dix angles particuliers, mais forcément, et c’est un peu le lot de l’exercice, pas que des réussites. Certains mini épisodes relèvent ainsi du très anecdotique à commencer par le franchement niais segment chinois aux dessins plutôt agréables mais à l’histoire très passable tandis que le détour tchèque ressemble à une aventure de plus, sans grand relief, à l’instar d’ailleurs du chapitre coréen, impressionnant en gueule mais terriblement bateau dans son déroulé.
Tour operator
Pas toujours facile de prendre ses distances avec les grands classiques du mythe, et c’est d’ailleurs là que l’essai turque surprend le plus, en choisissant de s’inscrire presque directement dans l’univers officiel du Batman (Batgirl et Nightwing ne sont d’ailleurs pas loin) et de proposer une extension mondiale à la Cours des hiboux. Outre une petite trame parfaitement menée, les illustrations à la fois comics, et brossées avec beaucoup de personnalité séduisent. Au rayon des réussites on peut d’ailleurs aussi évoquer le contemplatif épisode espagnol et ses petites journées de vacances pour Bruce Wayne, aux contours presque indé, la tentative de bousculement temporel des italiens (avec un méchant masqué inspiré de la mythologie antique), l’évocation nostalgique de l’évolution de la figure du Batman par un artiste russe, ou le grand défilé de tableaux à tomber à la renverse signé par Lee Bermejo (le texte d’Azzarello est franchement oubliable) pour l’ouverture américaine. Mais finalement dans tous ceux, peu viennent vraiment bousculer le personnage, ou en tout cas le confronter à des problématiques plus profondes.
Les meilleures destinations
L’équipe mexicaine propose cependant une jolie amorce avec une chasse au fantôme qui fait écho à la violence de Mexico et les meurtres de femme, tandis que les brésilien poussent la logique beaucoup plus loin en montrant l’incapacité du super-héros à faire face aux troubles terribles (politiques, sociales et écologiques…) que connais le pays actuellement. Une vraie pertinence, comme le chapitre allemand, signé par les auteurs de Gung Ho, qui avec une belle patine peinture numérique se frotte assez brutalement à la thématique écologique et à un Joker particulièrement pro-actif. Quelques belles choses certainement, mais on note tout de même l’absence d’une véritable ligne éditoriale, ou un fil d’Ariane pour rendre le tout plus cohérent, et sans doute d’un petit passage du côté du continent africain, grand oublié de l’histoire.
Et le segment français, mis en avant dans la couverture alternative, nous direz-vous ? et bien sans une once de chauvinisme, c’est tout simplement le meilleur opus avec une approche graphique très affirmée de Thierry Martin (Dernier Souffle, Myrmidon…) mais avec ce petit quelque chose de la série animée des années 90, et une poursuite ludique et amoureuse entre la chauve-souris et Catwoman dans les galeries du Louvre. Simple mais efficace, Mathieu Gabella (Idoles, La Licorne) nous gratifie qui plus est d’une conclusion au romantisme fou. Aaaah Paris !