BATMAN SUPERMAN WORLD’S FINEST T.1 : LE DIABLE NEZHA
Batman / Superman World’s Finest #1-6 – Etats-Unis – 2022
Genre : Super-héros
Dessinateur : Dan Mora
Scénariste : Mark Waid
Nombre de pages : 168 pages
Distributeur : Urban Comics
Date de sortie : 6 janvier 2023
LE PITCH
Depuis une attaque chimique dévastatrice, suite à une confrontation avec Metallo, les pouvoirs de Superman ne sont plus ce qu’ils étaient… Pour retrouver sa force d’antan, l’Homme d’Acier n’a d’autre choix que de se tourner vers le justicier de Gotham : le Chevalier Noir. Ensemble, les deux plus grands super-héros que le monde n’ait jamais connus vont devoir explorer toutes les pistes possibles pour délivrer l’Homme de Demain de son mal… allant jusqu’à enrôler une nouvelle équipe.
Buddy comic
Créateur de Kingdom Come et pilier de DC Comics durant les années 80/90 Mark Waid revient à la maison en se voyant offrir une nouvelle série réunissant le duo mythique Batman & Superman : le célèbre titre World’s Finest. Retour aux sources et à un certain esprit du Silver Age.
Attendu par de nombreux lecteurs et pas mal de fans, Mark Waid aurait pu revenir chez DC avec un grand plan, une série gargantuesque et complexe lui permettant d’imposer massivement son empreinte sur la direction éditoriale des grands titres de l’éditeur. Mais ce n’est pas tout à fait son genre. L’auteur préfère en effet passer par la petite porte, certes en reprenant en même un célèbre titre historique (parfaitement résumé dans l’introduction de l’édition française) connu pour faire cohabiter avec plus ou moins de plaisir les deux icones Batman et Superman, mais en inscrivant sa publication en marge des évènements récents. Son World’s Finest semble pour l’instant se dérouler hors chronologie officielle et les premiers numéros se construisent d’ailleurs comme un long flashback permettant d’évoquer les premières missions conjointes entre les deux légendes, pas totalement potes mais pas loin, et leur pupille le jeune Robin qu’ils « élèvent » presque conjointement. Si la série est parsemé de références plutôt modernes, que le monde décris est bel et bien contemporain, il est indéniable cependant que l’humour dont peuvent faire part les deux héros, les saillis verbales que balance le boy wonder à tout va et que la décontraction plutôt généralisée des scénarios n’a pas forcément à voir avec les ambitions de réalisme, de complexité psychologique ou de dépression actuelle, mais plutôt avec la belle époque des comics, les années 60 ou 70.
DC Team-Up
Un temps où les comics de super-héros étaient encore une lecture pour jeunes et non pour vieux fans aigris et érigés en défenseurs du temple. Dans cette nouvelle relance de World’s Finest il n’est d’ailleurs pas plus étonnant de voir nos héros ne jamais reposer leurs costumesque de croiser tout au long des péripéties les représentants de la Doom Patrol, la sublime Supergirl (avec manifestement un passif avec Robin), Wonder Woman, Green Lantern, Billy Batson (alias Shazam) et un sacré défilé de vilains hauts en couleurs piochés dans tout le cheptel de l’éditeur comme dans un annuel d’antan ou un épisode des Super Friends. Rafraichissant pour le moins même si dans les grandes lignes la trame principale reste pas franchement des plus excitantes en elle-même (un nouveau vilain venu de la Chine ancienne, bof) et se permet quelques facilités à la volée comme un voyage dans le temps à la commande, des lavages de cerveau intempestifs et une fusion improbable à la DBZ. L’essentiel ici n’est pas dans l’original du trip mais dans son indéniable efficacité, se déroulant comme un feuilleton interrompu multipliant les menaces, les dangers (Sup’ manque même d’y rester) et les planches bourrées d’action et de super-pouvoirs colorés. Illustrateur sur quelques séries Power Rangers, sur Batgirl, Once & Future ou Klaus, Dan Mora est en ce sens idéal pour transmettre le mélange voulu de classicisme avec sa ligne claire, dynamique et fluide, et d’énergie impulsive, presque juvénile, ainsi qu’avec son découpage percutant et toujours précis. Le résultat est hautement divertissement, juste ce qu’il faut de nostalgique, et a le mérite de pouvoir être chaleureusement partagé avec les plus jeunes. Très cool.