BATMAN : KILLING TIME
Batman Killing Time #1-6 – États-Unis – 2022
Genre : Super-héros
Dessinateur : David Marquez
Scénariste : Tom King
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 13 octobre 2023
LE PITCH
Gotham City, 4 mars, 16h46. Banque centrale. Un étrange client fait son apparition. Personne ne le sait, mais le braquage du siècle est sur le point d’avoir lieu, dans cette banque précisément. Trois malfrats — Catwoman, le Pingouin et le Riddler — s’associent pour mener à bien leur mission, juste histoire de tuer le temps…
Temps perdu
Tom King chez Urban Comics. Encore et toujours. En parallèle de la publication du roman noir Gotham City Année Un, l’éditeur propose un beaucoup moins emballant Killing Time. Un récit de casse trop rapidement plombé par une écriture lourde et terriblement orgueilleuse.
Tout commence très efficacement par une mise en parallèle de plusieurs actions, énumérées par les informations de lieux et de temps, où les agissements de Killer Croc, Catwoman et The Riddler prennent peu à peu la forme d’un braquage savamment orchestré entre diversion spectaculaire, prise d’otage et entrée toute en douceur dans un coffre bien gardé pour y dérober un mystérieux artefact. Batman, lui, prévenu par le Commissaire Gordon, est clairement à la traine et tente d’y voir claire dans un stratagème qui inclue au passage l’empire criminel du Pingouin. Le lecteur se prend au jeu… Mais malheureusement pas longtemps car ce découpage extrêmement marqué va se reproduire inlassablement jusqu’à la dernière page de la mini-série, se montrant souvent assez inutile, voir engluant plus que de raison l’avancé de la trame par des anecdotes ou des flashbacks sans grand intérêt. Plus verbeux encore que d’habitude, Tom King noie ainsi le lecteur sous un flot perpétuel de dialogues, d’informations et de narrations en voix off, mais qui là aussi se perdent dans la redite et les fausses pistes foireuses.
McGuffin & co.
Ne manquait plus au tableau qu’une toile de fond qui plonge jusque dans les mythes de l’antiquité et qui remonte jusqu’au contexte contemporain pour expliciter l’importante d’un artefact dont l’intérêt, métaphorique, s’avère bien décevant. Et au passage assez étranger à la personnalité de Bruce Wayne et de la mythologie de Batman. On a vraiment l’impression à la lecture de Killing Time que Tom King a voulu jouer au plus malin, étaler sa science et des ambitions trop démesurées par rapport à la réalité des figures gothamiennes. D’autant plus dommage que son scénario ne manque pas d’humour, qu’il capture parfaitement l’essence de ses personnages principaux (les looks très Batman Le Défi de Catwoman et du Pingouin sont un sacré plus) et qu’il introduit une nouvelle menace étrange et charismatique, l’Aide, assassin redoutable et combattant increvable, ressemblant presque à un John Wick de 80 ans ayant préservé sa souplesse. C’est d’ailleurs bien souvent la performance fluide et dynamique de David Marquez (Ultimate Comics Spider-Man, Avengers A.I., Batman / Superman…) qui sauve littéralement l’aventure des lourdeurs de sa narration alambiquée, en mettant en avant un découpage sacrément efficace, pointu, des pleines pages très stylées et surtout des scènes d’actions toujours spectaculaires et racées.
On en prend plein les mirettes à défaut d’être totalement embarqué dans les prétentions de l’auteur. Avec une bonne séance d’élagage et de simplification, Killing Time aurait peu s’avérer une mini-série sacrément cool.