BATMAN : IMPOSTER
Batman: The Imposter #1-3 – Etats-Unis – 2021/2022
Genre : Super-héros
Scénariste : Mattson Tomlin
Illustrateur : Andrea Sorrentino
Editeur : Urban Comics
Pages : 176 pages
Date de Sortie : 25 février 2022
LE PITCH
Cela fait trois ans que Bruce Wayne a endossé le costume de Batman afin de faire de Gotham une ville plus sûre et moins corrompue. À force de sacrifices et de persévérance, il a presque atteint son but. Mais quand un imposteur adopte son déguisement afin d’assassiner d’anciens criminels, c’est toute la police de Gotham qui se met à ses trousses, notamment l’inspectrice Blair Wong, déterminée à découvrir la véritable identité du justicier !
City Knight
Ne manquant pas d’accompagner la sortie sur grand écran du tout nouveau The Batman de Matt Reeves, Urban Comics réédite quelques grands classiques qui en auraient inspiré le scénario : Batman Année Un, Ego, Catwoman à Rome… Mais aussi l’inédit Batman Imposter, imaginé par Mattson Tomlin, qui aurait justement participé à l’écriture du très attendu long métrage…
Et un premier élément rapproche immédiatement les deux œuvres : une volonté nouvelle de réalisme totale dans l’approche de l’univers du Dark Crusader. Un monde urbain, gris bétonné, crasseux, presque-photo réaliste dans certains designs et l’apposition de ses arrière-plans, qui trouvent un écho direct dans le nouveau design du costume, une véritable armure de self defense, et l’impact constant apporté à la moindre blessure subie par Bruce Wayne. On est souvent proche de la série TV de Daredevil, dans ce regard plus humain, au ras du sol, du héros, dont on nous explique les astuces pour voler (la police découvre des câbles sur les toits de la ville), les causes de sa résistance et l’omniprésence de sa fameuse batmoto (des centaines motos sont planqués dans les coins sombres de certaines rues). Des détails certes, mais qui crédibilisent considérablement la démarche de Batman Imposter, qui s’ancre hors de la continuité officielle et prendrait presque pied dans notre réalité. L’occasion rêvée pour creuser plus avant le psychisme du personnage donc, que l’on retrouve ici trois ans après sa première apparition, traqué par une police qui s’est débarrassé du commissaire Gordon, abandonné de tous dans un Manoir absolument vide.
L’homme derrière le masque
Un homme mu par la colère, qui va peu à peu se révéler à lui-même en alternant les visites chez psychologue Thompkins, qui le menace de révéler son identité s’il rate un rendez-vous, et en se laissant éprendre de l’inspectrice Wong, dont la vie répond clairement en miroir avec la sienne. Habile, Tomlin place d’ailleurs de nombreux parallèles dans son récit, rejouant les origines du ventriloque (ici au second plan mais tout de même) comme une version malade des origines de Batman, ou en plaçant face à un justicier déjà diminué, un imposteur usant de son masque pour assassiner quelques criminels libérés injustement. Le Batman face aux tourments de Bruce Wayne et sa quête d’humanité. Le Batman face à la justice des hommes et aux conséquences de sa vendetta personnelle… le scénario de la minisérie entremêle tous les éléments avec justesse, profondeur avec une imposante solidité. Construit presque comme une nouvelle incarnation filmique, Batman Imposter ne s’empêtre heureusement jamais dans ses prétentions psychologiques et sa relecture moderniste du personnage et emballe le tout comme un polar musclé, une traque particulièrement haletante, brutale, qui ne peut laisser le héros indemne.
Mise en scène par un Andrea Sorrentino (Gideon Falls, Old Man Logan, Green Arrow) plus fiévreux que jamais, colorisé par une Jordie Bellaire (The Autumnland, Vision) dont les aplats rouges et noirs annoncent la photo du long métrage à venir, l’album s’impose comme un nouvel incontournable dans la longue, très longue, bibliographie du Dark Knight.