BATMAN – DARK PATTERNS T.1 : L’HOMME BLESSÉ

Batman: Dark Patterns #1-3 – Etats-Unis – 2025
Genre : Policier, Super-héros
Dessinateur : Hayden Sherman
Scénariste : Dan Watters
Nombre de pages : 80 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 2 mai 2025
LE PITCH
Affaire #1 : Une série de meurtres effroyables a provoqué une onde de choc à Gotham. La piste mène tout droit vers un sinistre tueur en série, au corps percé d’innombrables clous et baptisé l’écorché. Mais s’agit-il des agissements d’un seul désaxé, ou y a-t-il quelque chose d’encore plus sinistre en jeu ?
Indices mortels
Voici donc une nouvelle série pour la chauve-souris, toujours en cours de publication aux USA, et qui devrait se composer au final de quatre albums français, tous consacrés à chaque fois à une seule et même affaire. Et oui, loin des aventures de super-héros, Dark Patterns pencherait plutôt vers les enquêtes troubles… soit les racines mêmes du Batman.
Batman est effectivement un personnage essentiellement composé de deux versants : le super-héros et le détective. Il a historiquement été presque toujours partagé en deux publications distinctes : Batman et Detective Comics. Et pour beaucoup d’auteurs pas forcément passionnés par les grandes aventures de la Bat-Family, les pérégrinations façon Justice League voire les délires cosmiques, la tentation est souvent grande de revenir à un vigilante plus urbain, usant plus volontiers de son cerveau sur des affaires criminelles crédibles plutôt que castagnant du super-vilain sur les toits. Lors de son arrivé sur le titre Detective Comics justement Dan Watters (House of Whispers, Lucifer…) s’était justement efforcé de remettre ces qualités en avant. D’une certaine façon Dark Patterns peut être vu comme l’aboutissement et l’affirmation de cette démarche.
Les eaux troubles de Gotham
La série remonte en effet au temps à la troisième année d’action du vigilante, à une époque charnière ou les aventures se jouent encore solo (seuls Alfred et le Commissaire Gordon sont dans le coin), où l’homme chauve-souris est un mélange de légendes et de fascination et où Bruce Wayne apprend encore son métier sur le tas. Surtout, le scénariste peut se permettre, comme dans The One Hand & The Sixth Finger qu’il partage avec Ram V, de véritablement donner corps à une ville tentaculaire, imposante, écrasante, habitée pour tous les maux d’une société décadente. La violence y est omniprésente, l’injustice est le lot commun, et Batman (on ne verra pas vraiment Bruce Wayne) se débat pour la garder hors de l’eau. C’est dans ce contexte épais et poisseux que démarre une enquête sordide, suivant la trace d’un serial killer massacrant ses victimes en les transperçant de part en part, et s’engouffrant lentement mais surement dans les secrets honteux de la cité. Un vrai roman noir où même le tueur est une victime, et où notre héros, souvent démuni, marchant à l’instinct, doit faire face à une Gotham hantée par les politiques et les industriels véreux. Une situation qui peut d’ailleurs laisser éclater une violence et une cruauté plutôt rare de la part du limier.
Prenant et bien mené, L’Homme blessé est un excellent premier chapitre pour ce Dark Patterns à la fois rétro dans ses codes noirs et parfaitement moderne dans sa violence visuelle et psychologique. Mais aussi dans ses illustrations signée Hayden Sherman ( très bientôt sur Absolute Wonder Woman), retrouvant la silhouette inquiétante, et les poses, des premiers comics Batman, jouant des formes et des contours à la manière d’un Tim Sale, assurant un découpage resserré, sans fioriture, si ce n’est une certaine fascination pour le glauque. Dark Patterns n’est d’ailleurs certainement pas un Batman pour les enfants, cela va de soi.