BATMAN CHRONICLES 1987 VOLUME 1
Batman #402-414 + Batman Annual #11 + Batman Son of the Demon – États-Unis – 1987
Genre : Super-héros
Scénaristes : Frank Miller, Mike W. Barr, Max Allan Collins, Alan Moore, Jim Starlin, Jo Duffy
Illustrateurs : David Mazzucchelli, Jerry Bingham, Jim Starlin, Dave Cockrum, Jim Aparo, Ross Andru
Éditeur : Urban Comics
Pages : 448 pages
Date de Sortie : 17 juin 2022
LE PITCH
Après le départ de Dick Grayson, Batman se retrouve sans un Robin, jusqu’au jour où il croise la route de Jason Todd, un gamin des rues qui tente de lui voler les roues de sa Batmobile ! Après avoir défait une organisation criminelle, le Dynamique Duo est à nouveau réuni pour affronter les plus grandes menaces qui planent sur Gotham dont le Pingouin ou Gueule d’Argile.
It’s gonna be a good year
Nouvelle proposition chez Urban Comics qui en plus de ses différentes gammes d’albums (classiques, archives, Beyond, Infinite…) brassant des décennies de prouesses chez DC Comics lance son propre format « intégral » avec bien entendu, en tête de proue, l’inévitable Batman.
C’était pour l’instant la chasse gardée du concurrent Panini Comics qui abordait certains grands titres de l’histoire Marvel sous la forme de volumes ou de longues collections aux volumes réunissant toute la production d’une même année. Avec quelques années de « retard » Urban Comics franchit le pas avec un premier essai : Batman Chronicles. Un volume imposant de plus de quatre-cents pages, une couverture souple mais solide, un design particulièrement sobre et élégant et surtout une volonté manifeste de réunir toute la production consacrée au célèbre justicier de Bob Kane. Et rien de mieux pour lancer la machine que de débuter par l’année 1987, énorme tournant dans la vie éditoriale du personnage qui voyait l’arrivée en coulisses d’un nouveau directeur éditorial : Dennis O’Neil. Le même qui justement, comme scénariste avait déjà débarrassé les rues de Gotham de leurs derniers restes flashy des 60’s une décennie plus tôt. Son ambition de faire entrer définitivement Batman dans une modernité plus sombre, plus dangereuse et d’aborder des sujets plus complexes est toujours la même et il va ainsi engager quelques nouveaux auteurs et artistes à même de secouer les deux titres historiques, le sobre Batman (dont les numéros sont réunis ici) et l’historique Detective Comics (à venir dans le 1987 Volume 2 à venir).
Batman reBegins
Et son premier gros coup est bien entendu la publication des numéro 404 à 408 du désormais classique Year One de Frank Miller et David Mazzucchelli. Une relecture urbaine et réaliste des origines du personnages (mais aussi du commissaire Gordon et de Catwoman) qui refaçonne véritablement la perception qu’avait les lecteurs de l’univers de Gotham et dont les répercussions ne vont cesser de se ressentir durant de longues années. Proposé ici pour la première fois dans sa colorisation plus douce d’origine (la version album est plus contrastée), Year One fait forcément un peu d’ombres aux épisodes des collègues Max Allan Collins, Jo Duffy ou Jim Starlin, qui forcément imprègnent plus lentement et sporadiquement cette nouvelle voie dans leurs scénarios, même si on note bien souvent une cruauté plus marquée et une atmosphère psychologiquement plus tendue. Une note apportée aussi par la réinvention du second Robin, Jason Todd, autrefois simple resucé blondinet de Dick Grayson et désormais acolyte beaucoup moins gérable, plus colérique et aux tendances expéditives. Sa quête des origines dont la découverte ici du meurtre de son père par Double Face, sont des pistes qui mèneront jusqu’au fameux Un Deuil dans la famille. Et parmi les autres prouesses de cette cuvée, outre un court épisode bien délirant d’Alan Moore consacré à un Gueule d’Argile totalement psychopathe, il y a aussi bien entendu l’excellente Graphic Novel Le Fils du démon. Concocté par le Mike W. Barr de Camelott 3000 et peint par le génial Jerry Bingham (révélé par une adaptation de Beowulf en comics), ce récit flamboyant marquant le retour de Rhas-Al-Ghul croise romance (avec la belle Talia), aventure pulp, espionnage international et action digne d’un blockbuster 80’s, avec une efficacité redoutable. Des évènements qui d’ailleurs auront un écho dans les années 2000 lorsque Grant Morisson y piochera les origines de son Damian Wayne.
Il n’y a décidément que du bon, ou presque, dans cette année 1987 entre révolutions et évolutions. Un parfait démarrage pour cette collection, déjà, immanquable, agrémentée entre les épisodes de notes éditoriales signées par l’équipe Urban ou des éditos de Dennis O’Neil voir même une postface enthousiaste à Son of the Demon signée… Mark Hamill ! Si même la force s’en mêle.