BATMAN : BEYOND THE WHITE KNIGHT
Batman : Beyond The White Knight #1-8, Batman : White Knight Presents Red Hood #1-2 – États-Unis – 2022, 2023
Genre : Super-héros
Dessinateur : Sean Murphy, Simone Di Meo
Scénariste : Sean Murphy, Clay McCormack
Nombre de pages : 264 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 05 mai 2023
LE PITCH
Dix ans après que Gotham s’est interrogée sur l’efficacité réelle du Chevalier Noir, Derek Powers a pris le contrôle des actifs de la famille Wayne et utilise l’unité anti-terroriste de la ville pour protéger les citoyens… mais à quel prix ? Le justicier de Gotham est toujours en prison et, en son absence, c’est à Terry McGinnis de prendre la relève. Mais dans cette ville futuriste dystopique, seul le vrai Batman est conscient des dangers à venir…
I’ve seen the future and it will be
Avec le succès important rencontrée par sa première mini-série The White Knight, Sean Murphy a ainsi pu ouvrir la porte à sa propre vision de l’univers de Batman. Un Murphyverse qui en est déjà à son quatrième volume et vient réinterpréter la vision futur du personnage imaginé en 1999 dans la formidable série animée Batman Beyond.
Un peu comme dans Le Clou d’Alan Davis qui réinventait totalement l’intégralité de l’univers DC à partir du plus petit changement possible, The White Knight métamorphose littéralement la saga du héros de Gotham en imaginant que le Joker, alias Jack Napier (comme dans le film de Tim Burton) trouverait le chemin de la guérison, remettant entièrement en cause la mission de son ancien ennemis juré. Inversion des rôles, scrutation des aspects les plus malades et destructeurs de Bruce Wayne, et c’est tout le déroulé connu qui dévisse… Au départ de Beyond The White Knight donc Bruce Wayne purge sa peine en prison, n’est plus l’héritier de la grand famine gothamienne, son empire a été volé par Derek Powers et la ville entière est désormais arpentée par des forces de l’ordre ayant intégré les avancées technologiques du héros déchus. Mais un jeune homme découvre dans les décombre du manoir un costume expérimental oublié et devient, assez involontairement, le nouveau Batman : Terry McGinnis.
Une relecture finalement assez fidèle dans les grandes lignes au déroulé de la fameuse série animée imaginée par Paul Dini et Bruce Timm, jusque dans son univers graphique, mais que Sean Murphy va rapidement faire passer au second plan en se recentrant sur ce nouveau Bruce Wayne, vieilli, aigri, seul… Enfin jusqu’à ce qu’une étrange puce se déclenche dans son cerveau et lui face apparaitre un Jack Napier virtuel plein de ressource, aussi fatigant que bon conseiller.
La relève ?
Un duo presque comique et un Joker en mode « ange d’épaule » qui l’amènent progressivement à remettre en cause non pas sa croisade mais ses méthodes et surtout sa façon de traiter ses proches. Beyond The White Knight est donc plus le récit des retrouvailles d’une bat-family plus étendue que jamais, voir un triangle amoureux (Batman, Joker et une Harley définitivement incontournable) toujours aussi curieux, que celui d’une relève futuriste.
L’auteur creuse plus que jamais son propre sillon, s’amuse aussi toujours autant à parsemer ses pages de nombreuses références à l’histoire éditoriale du personnage, à ses acolytes et aux multiples adaptations ciné et TV, mais surprend beaucoup moins que dans les volumes précédents. Aussi parce qu’il commence à tendre vers quelques redites surtout amenées pour servir de transition vers un glissements à venir sur le reste du panthéon DC (annoncée dans les deux dernières pages de l’album). On regrette aussi la description attendue d’une citée encrassée sous le joug d’un système liberticide presque totalement laissée hors-champs.
Cependant, Sean Murphy connait et maitrise sa vision des personnages, les réuni et les sépare avec beaucoup d’efficacité et parfois même de sensibilité, et offre bien entendu à nouveaux quelques formidables prouesses graphiques : les décors à la Blade Runner sont à tomber à la renverse, son découpage impeccablement précis et vifs et ses personnages, anguleux, élancés et striés de nombreux détails, incarnent toujours aussi gracieusement des figures à la maturité plutôt inédite pour le coup.