BATMAN ARKHAM : LE PINGOUIN
Batman #169, 448-449, 548-549, 586 ; Batman Annual #11 ; Detective Comics #58, 67, 610-611, 615 ; Penguin Triumphant ; Secret Origins Special #1 ; Batman #23.3 – Etats-Unis – 1941 / 2013
Genre : Super-héros
Scénariste : Divers
Illustrateur : Divers
Editeur : Urban Comics
Pages : 352 pages
Date de Sortie : 11 juin 2021
LE PITCH
Oswald Chesterfield Cobblepot est l’un des héritiers d’une des familles fondatrices de Gotham, mais c’est aussi le criminel connu sous le nom de Pingouin. Sous son apparence grotesque et difforme, il cache un esprit machiavélique et retors qui n’a de cesse de planifier la mort de son pire ennemi, le Chevalier Noir. Mais il est également un notable aux rêves de grandeur en quête à jamais de respectabilité.
Un petit caillou après l’autre
Nouvelle collection consacrée aux pires vilains que le défenseur de Gotham ait pu croiser, et incarcérer dans le fameux asile, Batman Arkham est désormais rejoint par Le Pingouin, gangster sociopathe retors, brillant à ses heures, passionné par les volatiles et les diamants.
Après Double Face et Poison Ivy c’est donc au tour du Pingouin de passer à la loupe des imposants volumes de la collection Batman Arkham, version ciblée finalement de l’ancienne collection Anthologie du même éditeur. Le concept est à peu de chose près identique, offrir une large et complète présentation d’un personnage iconique aux travers des différentes phases éditoriales de DC Comics et les regards changeants des auteurs et des époques. Ainsi lorsqu’il apparaît pour la première fois dans les pages de Detective Comics en 1941 sous la plume de Bill Finger et Bob Kane, il rejoint bonnement la longue liste de gangsters avides de Gotham, faisant finalement surtout la différence grâce à son costume de fier aristocrate, son air ventripotent et ses désormais célèbres parapluies dont il se sert ici déjà comme une arme à feu. Oswald Cobblepot, surnommé par lui-même Le Pingouin, devient rapidement l’une des figures récurrentes des publications estampillées Batman, creusant peu à peu son image de véritable génie du crime, allié à l’obsession caricaturale pour le règne volatile dont il farcie de références ses stratagèmes à la fois machiavéliques et parfaitement ridicules (voir L’Aigle du crime). Forcément il rejoindra fièrement la petite bande rigolarde de la série TV Batman en 1966, incarné par un fabuleux Burgess Meredith (Rocky), incarnation parfaite de la dernière version plus légère et wizz du personnage (voir Complice de vol qui fut même adapté à l’écran), et qui va laisser définitivement son empreinte sur le personnage avec, entre autres, son fameux rire de canard.
Comme un oiseau sans aile
D’ailleurs ce dernier aurait sans doute un peu plus de mal que les autres à accompagner le durcissement général du ton des comics, restant une figure un peu rétro, plutôt sympathique et amusante… jusqu’à ce que le Alan Grant de Judge Dredd ne s’y intéresse plus sérieusement à la fin des années 80, lui redonnant des airs de tueurs froid et sadique en plongeant dans les traumatismes de son passé. Illustré par le baroque Sam Keith (The Maxx) Souvenirs mortels installe l’idée d’un grand malade martyrisé et humilié dans son enfance pour son apparence étrange, sa laideur, dont il a gardé une haine féroce des autres, et en particulier de leur réussite et de leur place dans la société. Une revanche, alliée à un duel intellectuel constant avec Batman, qui va nourrir le Pingouin tout au long des années 90 (ici Neige et glace, L’Affaire du Pingouin, Le Triomphe du Pingouin et Le Retour du Pingouin), multipliant les plans tortueux pour s’offrir une place (un nid) dans la haute société de Gotham, tout en éliminant concurrents et anciens camarades de classe. Une phase dont Batman Le Défi et l’interprétation repoussante de Danny DeVito se feront brillamment l’écho. On ne sait alors si c’est le choix de l’éditeur français ou une véritable constante dans le développement du personnage, mais curieusement les récits (parfois en plusieurs chapitres) proposés, pourtant tous très honnêtes et efficaces, reposent bien souvent sur les mêmes ressorts et un personnage beaucoup plus figé que le Joker, Le Sphynx ou d’autres collègues locaux. Si les années 2000 ne le dépouille aucunement de ses oripeaux les plus célèbres, elles vont cependant le réinstaller dans le fauteuil confortable d’un maître de la pègre, cerveau contrôlant solidement le crime organisé dans la cité, profitant de la face « respectable » d’un bar casino pour mieux faire ressortir sa froide brutalité et un sadisme retrouvé. Là le chapeau haut de forme, le monocle et la collection de parapluie ne prêtent plus vraiment à rire.