BARBARIC T.1 : CRIMES ÉTRIPABLES
Barbaric #1-3 – Etats-Unis – 2021
Genre : Action, Fantasy
Dessinateur : Nathan Gooden
Scénariste : Michael Moreci
Nombre de pages : 104 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 5 juillet 2024
LE PITCH
Owen a toujours parcouru le royaume, ne répondant qu’à l’appel du sang. Mais il vient d’être victime d’une malédiction, laquelle lui impose de faire le bien jusqu’au restant de ses jours. Accompagné de son arme, la dénommée Hache, dont la soif constante a toujours guidé ses moindres gestes, il va devoir venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin. Mais il est une chose qu’Owen déteste plus qu’une vie de contraintes : les sorcières. Alors quand il est obligé de faire équipe avec l’une d’entre elles, cela s’annonce compliqué.
Blood and Fury
Du fond des âges résonnent le chant glorieux d’un autre héros venu des contrées barbare : Owen. Une montagne de muscles, de colère et de mauvaise foi, devenu à son corps défendant le protecteur de la veuve et de l’orphelin et le héros d’une nouvelle série de comics joyeusement servie par Michael Moreci et Nathan Gooden pour Vault Comics aux USA.
Owen n’est certainement pas le premier héros légendaire à avoir obtenu une arme douée de conscience venant infléchir son destin. Druss, dit la La Légende, posséda Snaga, Elric de Melniboné était contrôlé par Stormbringer, Arthur devient roi grâce à Excalibur… et Owen devient gentil grâce à sa hache, appelée…hache. Le mauvais tour de trois sorcières qui ont transformé cet habitué des massacres gratuits, des rixes dans les tavernes et des culbutages dans la paille, en héros du bon peuple, pourfendeur des injustices et massacreur des mécréants. C’est simple, sa seule façon d’échapper aux enfers (où l’attendent quelques anciens ennemis) est d’accepter tout demande d’aide venant de personnes bien intentionnées. Le cauchemar ou presque pour cet ersatz d’un certain Conan (les allusions pleuvent dans la première partie) qui doit en plus se coltiner donc cette arme massive, avide de sang souillé (quitte à s’enivrer), de philosophie facile et que personne d’autre que lui peut voir. Après The Plot et Burning Fields, Michael Moreci prend un peu de distance avec l’horreur frontale pour s’amuser généreusement avec les codes et les tics de la Sword & Sorcery, habiller le tout de dialogues irrésistiblement ironique et de traiter son titre comme un gros défouloir de série B au budget décomplexé.
Le bourrin sur la mer du destin
Acoquiné avec une jeune sorcière au caractère tout aussi rêche que le sien, Owen écharpe ainsi des armées de morts-vivants, une bonne masse de gobelins, une secte démoniaque et un serpent géant qui espéraient conquérir le monde, assurant quelques litres de sang (vert ou rouge) et des bouts de viande voletant au milieu des couleurs tranchées, voir psychédéliques d’Addison Duke (The Rush). On est effectivement très loin des ambiances et des réflexions civilisationnelles de Robert E. Howard avec Barbaric, dont cette première partie s’avère surtout un divertissement des plus bourrins et déconnants, avec une petite touche bonus d’Evil Dead pour la route, où le trio improbable avance tel un bulldozer dans un magasin de porcelaines. L’auteur s’amuse comme un petit fou et l’illustrateur Nathan Gooden (Zojaqan, Vampire La Mascarade) assure avec un trait vif et anguleux, un découpage mettant toujours en avant l’action, les poses les plus épiques, la monstruosité des ennemis et l’expressivité légèrement décalée des héros. Mention spéciale à Hache et sa langue pendante (littéralement et métaphoriquement) plongeant dans les chairs avec un plaisir charnel effectivement jouissif.
Peut-être que l’univers de Barbaric (déjà doté de plusieurs mini-séries et d’un spin-off) va se complexifier par la suite, dévoiler des enjeux dramatiques et personnels plus profonds, voir une amplitude digne d’une épopée lyrique, c’est pour l’instant un énorme défouloir bourrin bourré d’humour et de tripailles. Et ça défoule !