AVENGERS : LA COLLECTION ANNIVERSAIRE
Les Origines, Les Nuits de Wundagore, Etat de siège, Ultron Unlimited, Dark Avengers, Le Monde des Avengers – États-Unis – 1963 / 2013
Genre : Super héros
Dessinateur : Jack Kirby, John Byrne, John Buscema, George Pérez, Mike Deodato Jr., Jerome Opeña, Adam Kubert
Scénariste : Stan Lee, David Michelinie, Roger Stern, Kurt Busiek, Brian Michael Bendis, Jonathan Hickman
Nombre de pages : 128, 136, 200, 128, 168 et 144 pages
Éditeur : Panini Comics
Date de sortie : 13 septembre 2023
LE PITCH
Un jour, à la suite de manigances orchestrées par Loki, le dieu de la Malice, les héros les plus puissants de la Terre s’unissent. Thor, Ant-Man, la Guêpe, Iron Man et Hulk forment ainsi les Avengers. Après être resté figé dans les glaces arctiques pendant des décennies, Captain America les rejoint.
Dream Teams
Proposé dans une gamme à petit prix (6,99 euros le volume), voici la collection Anniversaire dédiée aux Avengers. Une sélection de six grandes aventures pour six décennies afin de rendre hommage aux célèbres Avengers nés en septembres 1963 pour contrecarrer Loki… et le concurrent DC.
Aujourd’hui véritables têtes de gondoles de l’univers Marvel, ayant même réussi à replacer les cultes X-Men en seconds, les Avengers regroupent bien entendu les plus grands héros de l’univers Marvel. Une création évènement en ce début des années 60, mais rien d’inédit pour qui lit les comics depuis longtemps puisque le concurrent DC Comics a d’ores et déjà sa tradition bien installée répondant au nom de Justice Society of America, devenue par la suite Justice League of America. Ici l’idée est là même : regrouper les pointures maison œuvrant habituellement en solo et leur offrir chaque mois un nouvel ennemi évènementiel. Du blockbuster sur papier concocté comme il se doit par dieux le père Stan Lee et The King, Jack Kirby. Thor, Iron Man, Hulk, Ant-man, La Guêpe s’allient ainsi pour calmer les ardeurs du machiavélique et fourbe Loki. Ce dernier sera suivi par une alliance dévastatrice entre le colosse de Jade et Namor, ou des hommes fait de lave, mais la série trouvera véritablement son rythme avec la découverte de Captain America, héros de la seconde guerre mondiale laissée pour mort, dans un bloc de glace. L’icône d’autrefois vient adouber la nouvelle génération Marvel et devient immédiatement le cœurs des Avengers dans des épisodes classiques, mais déjà incroyablement généreux en action et en invention. Ce sont naturellement les 6 premiers chapitres de The Avengers qui constituent le premier volume de cette collection, ou chaque tome viendra explorer par l’exemple leur décennies respectives.
L’âge de la maturité
Ainsi pour les années 70 c’est le story-arc Les Nuits de Wundagore qui sous la plume de David Micheline (Star Wars, Spider-man, Iron Man… et on en passe) impose déjà un écrémage, sous couvert de contrôle politique par le gouvernement américain, au sein d’une équipe devenue légion (la première planche est plus qu’éloquente). Une décision qui confronte les héros à leur symbolique patriotique et idéologique (avec déjà la question du quota traité avec humour par Le Faucon). En parallèle l’aventure vient réinventer les origines de deux des membres les plus mystérieux de l’équipe, La Sorcière rouge et Vif-Argent, par un voyage dans les pays de l’est où se révèlera à eux une entité démoniaque dont les agissements se ressentiront jusque dans les années 2000. Si le récit peut sembler un peu hésitant aujourd’hui, les superbes planches de John Byrne sont bien entendu imparables.
10 ans plus tard, c’est au tour du monument Etat de siège de s’imposer. Un grand évènement orchestré avec maestria par Roger Stern (79 épisodes d’Avengers au compteur !) et l’incommensurable John Buscema (Conan Le Barbare, Silver Surfer, Wolverine…) qui les confronte une nouvelle version, plus dangereuse que jamais, des Maitres du mal dirigée par le Baron Zemo. Une bataille épique ultra spectaculaire et bourrée de rebondissements, où les vilains réussissent même à occuper le manoir des vengeurs et manquent de tuer brutalement plusieurs figures historiques… dont le demi-dieux Hercule ou le célèbre majordome Jarvis. Entre soap-opera pour donner un peu de matière et destructions massives, l’album est d’une efficacité redoutable.
Un incontournable auquel se hisse presque le Ultron Unlimited de 1999 écrit par Kurt Busiek (Astro City, The Marvels, Thunderbolts…) et le regretté George Perez (Teen Titans, Wonder Woman, JLA/Avengers…) redonnant à la terrible machine rêvant de détruire l’humanité toute son importance dans la longue histoire des Avengers. Des liens à la fois familiaux et traumatiques qui incluent son créateur Hank Pym (alias L’Homme fourmi, ou alors Le Pourpoint jaune), la Guêpe, ses presque doubles La Vision et Wonder Man, qui montent ici rapidement en tension après qu’Ultron ait ravagé un pays entier. Intense et dramatique, le récit a en grande partie servi d’inspiration pour le film L’âge d’Ultron.
L’âge de raison
Méritants mais peut-être moins incontournables en l’état, les deux derniers volumes, Dark Avengers (2009) et Le Monde des Avengers (2013), on essentiellement le petit défaut de ne pas être totalement des récits « complets », mais plutôt les lancements de runs, certes passionnants, mais dont le lecteur néophyte ne percevra ainsi que le potentiel. Le premier signé Brian M. Bendis (Ultimate Spider-man, The New Avengers…) et Mike Deodato Jr (Old Man Logan, Incredible Hulk…) explore avec pertinence ce qu’il advient des Avengers lorsque leur nom et leur tradition sont dévoyés par une bande de criminels et d’assassins (pour certains psychopathes) menée par un Norman Osborn en odeur de sainteté auprès du gouvernement américain. Une comédie noire et cruelle à laquelle répond en opposition l’extrapolation futuriste de Jonathan Hickman (Secret Warriors, FF, Dawn of X…) s’attardant lui sur la symbolique même des Avengers au sein de l’univers Marvel… et de l’univers tout court. Comme toujours avec ce dernier, la mise en place est volontairement alambiquée et l’échelle totalement disproportionnée (on n’est pas loin de 2001) et a de quoi en surprendre plus d’un. Les performances graphiques de Jerome Opeña (Fear Agent, Seven to Eternity…) et Adam Kubert (Ultimate X-Men, Ultimate Fantastic Four…) ne peuvent cependant que faire l’unanimité.
Voici donc une collection plutôt solide (malgré ses couvertures souples), qui sans taper dans les habituels incontournables (excepté pour les origines) capture habilement les multiples visages et les évolutions de cette équipe centrale de la marque Marvel, avec toujours de grandes équipes créatives aux commandes. A noter que ces albums sont aussi disponibles sous la forme d’un coffret cartonné collector avec six ex-libris exclusifs illustrés par John Cassaday.