AUTOPSIE T.1 : LE SACRIFICATEUR
France – 2024
Genre : Policier, Thriller
Dessinateur : Paolo Antiga, Francesca Follini
Scénariste : Antoine Tracqui
Nombre de pages : 64 pages
Éditeur : Oxymore
Date de sortie : 9 octobre 2024
LE PITCH
Göteborg, peu avant Noël. Jennie Lund, une jeune médecin légiste sans expérience, se retrouve malgré elle au cœur d’une enquête glaçante sur une série de crimes atroces. À mesure que les meurtres se succèdent, le mystère s’épaissit : l’assassin frappe-t-il au hasard, ou existe-t-il un lien insoupçonné entre les victimes ? Pourquoi son mode opératoire reproduit-il le cérémonial du blót, le sacrifice de sang en vigueur avant l’arrivée du christianisme ? Et pourquoi l’oncle de Jennie, ce policier d’élite censé mener l’enquête, s’acharne-t-il à brouiller les cartes ?
La fille qui rêvait de médicolégale
Les meilleurs enquêtes policières se dégustent à tête reposé et le corps bien froid… surtout celui qu’on dissèque. Imaginé par un véritable médecin légiste, la nouvelle série policière en trois one-shot Autopsie plonge, comme son nom l’indique, dans le glauque jusqu’aux coudes.
Après avoir collaboré avec Harry Bozino sur Hard Rescue et Jean-Luc Istin pour les séries anthologiques Androides et Oracle, le scénariste de BD Antoine Tracqui revient, si on peut dire, à ses premiers amours, ou du moins à sa première vocation avec Autopsie. Une nouvelle série pour l’instant annoncé en trois albums aux récits distincts, mais qui justement abordent le récit policier par le regard plus froid et médical du médecin légiste. L’homme ou la femme en blouse blanche qui après avoir observé les corps morts sur les lieux du crime, a pour mission d’en explorer le moindre recoin, morceaux de chair, orifices, plaies et organes afin de déceler la cause de cette mort et le moindre indice qui pourrait mener au potentiel coupable. Un pur exercice cérébral, technique, pointu et précis, mais au pouvoir de fascination évident, parfaitement mis en valeur dans le premier Le Sacrificateur qui prend qui plus est un malin plaisir à choisir comme cadre les forets sombres, reculées et enneigées de la province de Göteborg en Suède, et à s’infuser dans les vieux mythes druidiques celtes.
Tranchant comme un scalpel
Un petit quelque chose de cette longue vague de thrillers macabres et glacés en provenance des pays du nord, de cette atmosphère bien lourde et poisseuse sur fond de crimes rituels bien spectaculaires, de groupuscules d’extrêmes droites (toujours dans les bons coups ceux-là), d’organisations sectaires et d’affaire d’état. Un cocktail explosif au milieu duquel se retrouve la presque débutante Jennie Lund, une nuit d’astreinte, et qui va totalement bouleverser sa vie. Au-delà du réalisme tangible des procédures et du regard professionnel, l’album réussit à marier une structure relativement classique avec une efficacité redoutable. Une sorte de bestseller dans l’air du temps, mais implacable dans sa mise en place des éléments, dans sa quête d’indices, dans ses révélations et dans le cheminement tortueux qui se transforme en totale remise en question pour la protagoniste. Véritablement prenant, intriguant et joliment tendu jusqu’à un grand final opératique méchamment sanglant (mais le gore reste hors cadre), ce récit entre les joies d’un Les Enquêtes du Département V et le sadisme d’Anatomie, trouve un bel écho dans la prestation visuelle de l’équipe italienne. Francesca Follini (Superworld) au storyboard, Paolo Antiga (Mégalodon) au dessin, Antonino Giustoliano aux couleurs, apportent là aussi une grande rigueur à l’affaire, assurant des dessins particulièrement précis, réalistes mais sans excès, avec des décors impeccables, des ambiances réussies et un découpage tranchant.
Du thriller carré avec juste ce qu’il faut de bavures d’hémoglobines. Mais promis, on nettoie tout après l’examen.