AUTOMNAL
The Autumnal #1-8 – Etats-Unis – 2020/2021
Genre : Horreur
Scénariste : Daniel Kraus
Illustrateur : Chris Shehan
Editeur : 404 Editions
Pages : 232 pages
Date de Sortie : 28 octobre 2021
LE PITCH
Kat et Sybil sont de retour à Comfort Notch, espérant y trouver une nouvelle vie plus stable. Mais le passé de Kat et de sa mère tout juste décédée, autant que celui de la ville sont troubles et en revenant sur les lieux de son enfance, elle va devoir y faire face. Il semble que la ville ait une gardienne bien exigeante, Kat et Sybil seront-elles prêtes à payer le lourd tribut demandé ?
Nouvelle moisson
Nouveau titre de la jeune collection comics de 404 éditions, Automnal vient réveiller en nous les souvenirs des senteurs de bois humides, la fraîcheur des fins de journée, le bruissement des feuilles rougeoyantes, des thés chauds pris au coin du feu… Mais aussi de vieilles légendes ténébreuses qui nous attendent aux frontières de l’équinoxe. This is the season of the witch…
Derrière les sourires, les airs accueillants, le calme des ruelles, les petits cotés cartes postales de Confort Notch, il y a quelque-chose de dérangeant, de malaisant. Cette culture du secret, du non-dit, cet enterrement sans aucun témoin, cette crainte perceptible des feuilles qui s’amassent le long du trottoir… Mais avec la vie qu’a eu Kat, il en faudrait plus pour vraiment l’inquiéter. Mais lorsque les ombres commencent à se rapprocher dangereusement de sa fille, cette jeune femme aux nerfs à vifs, que certain qualifierait d’asociale, de trop en marge, décide de découvrir ce qui se cache dans le passé de la bourgade. Déjà vu certainement, mais « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes de potiron » et Daniel Kraus (Teigneux) romancier de son état et collaborateur de Guillermo Del Toro sur Trollhunters et La Forme de l’eau, le sait très bien, lui qui inscrit directement sa mini-série dans le genre « Folk Horror ». Ce sous-genre anglo-saxon qui justement prend ses racines dans le paganisme d’autrefois et en explore la confrontation souvent brutale avec les accents les plus modernes. Quelque chose de The Wicker Man, de Midsommar (pour un exemple plus récent) ou du roman Le grand dieu pan d’Arthur Machen qui persiste de manière poisseuse dans ce paysage presque idyllique.
samain
Une présence en l’occurrence, celle d’une légende célébrée, d’un croquemitaine entonné par les enfants, d’un culte dont on tait le nom mais qui pousse à l’irrémédiable. Les planches de Chris Shehan (Deadbeat, The Wilds) en embrasse d’ailleurs parfaitement l’atmosphère avec ses teintes doucement chaudes, son découpage fluide, rarement heurté, rendant l’horreur rampante, puis les jaillissements fantastiques beaucoup plus terrifiants. La tension monte graduellement, glisse le long de la peau comme une plante grimpante, insidieuse, ne révélant toute sa menace que lorsqu’il est déjà trop tard. D’autant plus cruel que Kat et Sybil, mère et fille, sont particulièrement émouvantes dans leurs blessures, dans leur connexion de survivance, et que l’on se plairait presque à voir dans leur intégration en sein de cette curieuse communauté, dans cette nouvelle liaison avec Rob le sympathique tatoueur, un nouveau départ. Construit comme une authentique enquête, comme un thriller psychologique, comme un conte pour adulte à la Stephen King, Automnal est une impressionnante réussite, un album de 230 pages que l’on ne lâche pas jusqu’à son final en apothéose, conclusion logique et terrible qui vient donner la dernière impulsion à la naissance d’une mythologie unique et pourtant familière. Car qui n’a jamais ressenti un regard se porter dans son dos en se promenant le long de bois rougis par l’automne ?
L’album de Daniel Kraus et Chris Shehan vient jouer de manière sophistiquée avec les peurs les plus primaires. C’est aussi à ça que l’on reconnaît un nouveau classique du Folk Horror.