ARKHAM MYSTERIES T.1 : LE CIEL DES GRANDS ANCIENS
France – 2021
Genre : Fantastique
Scénariste : Richard D. Nolane
Illustrateur : Manuel Garcia
Éditeur : Soleil
Pages : 120 pages
Date de Sortie : 02 janvier 2022
LE PITCH
1919. En Mongolie, Seth Armitage ouvre une boîte de Pandore plus ancienne que l’humanité. 1921. Revenu avec une sorte d’horoscope tatoué dans le dos, il est engagé par l’Université de Miskatonic à Arkham pour y remplacer un professeur mort de manière suspecte. Et ce qu’il va découvrir, avec Skylark Duquesne, de l’Arkham Sentinel, et un nommé H. P. Lovecraft, a de quoi donner la chair de poule…
Livre maudit
Sans doute faut-il en grande partie remercier le succès éditorial des adaptations de Gou Tanabe, mais il est clair que l’œuvre de H.P. Lovecraft connaît un sacré regain d’intérêt dans le petit monde de la BD. Dernière tentative en date d’explorer les ténèbres des grands anciens, Arkham Mysteries joue la carte de la relecture du mythe… avec le romancier en guest-star.
Là où le célèbre mangaka reprend pas à pas les grands titres de la bibliographie du célèbre auteur du Mythe de Cthulhu, cette nouvelle série entamée par le prolifique scénariste Richard D. Nolane (Vidocq, La Grande Guerre des mondes, Space Reich…) s’amuse plutôt à mélanger les références, différentes trames de ses romans et nouvelles pour les réorchestrer autour de du central Seth Armitage. Une relecture globale, totalement post-moderne et ultra référencée, que Nolane pratique depuis un moment déjà entre ses dystopies rétros ou ses décalages d’œuvres populaires européennes. Le héros part donc sur les traces d’une civilisation disparue et mystérieuse, disparaît plusieurs jours et se retrouve affublé d’un étrange tatouage, sera enlevée par le chef d’une inquiétante secte qui souhaiterait le sacrifier au seigneur Lloigor, passera dans un asile avant de retrouver un poste d’enseignant à l’université de Miskatonic dans la ville d’Arkham. Une première moitié d’album ultra condensée dont l’enchaînement inlassable d’épisodes interdit toute mise en place convaincante d’une véritable atmosphère… Pourtant ce qui fait véritablement la force de Lovecraft.
Pacte à demi-mot
Le pauvre devient même ici simple personnage secondaire, témoin triste des évènements se préparant dans cette ville où se multiplient les meurtres cruels et les apparitions d’étranges d’êtres difformes échappés de la voisine Insmouth. Le scénario récite son petit Dexter Ward appliqué entre road movie et vieux polar… Un peu à la manière du fabuleux Providence d’Alan Moore, série terrifiante et analytique, qui plongeait à corps perdu dans l’esprit de Lovecraft pour en exposer l’impact colossal sur la littérature et la fiction moderne. Dans Arkham Mysteries on est très loin, l’album se contentant d’une petite aventure pulp un peu laborieuse. Déjà assez dense dans son écriture, Le Ciel des grands anciens manque tout autant de respiration dans ses planches concoctées par l’espagnol Manuel Garcia. Croisé autant du côté des comics Marvel ou DC (Daredevil, Green Arrow…) que des publications franco-belges (Les voleurs de beauté, Une Génération française), il pratique ici un encrage assez épais qui donne à son trait des contours un peu changeants et pas toujours des plus élégants au milieu des nombreux aplats de noirs. Surtout, la précipitation du récit, oblige régulièrement à la mise en place d’ellipses difficilement négociées et d’effets de surprises… visibles sur la page adjacente.
Très modeste album donc, qui peine à s’imposer aux cotés de lourdes références et à univers manifestement trop grand pour lui. On ne se frotte pas impunément aux ailes d’Azathoth.