ABSOLUTE SUPERMAN T.1, ABSOLUTE WONDER WOMAN T.1, ABSOLUTE BATMAN T.1

Absolute Superman #1-6, Absolute Wonder Woman #1-5, Absolute Batman #1-6 – Etats-Unis – 2024 / 2025
Genre : Super-héros
Dessinateurs : Rafa Sandoval, Hayden Sherman, Nick Dragotta
Scénaristes : Jason Aaron, Kelly Thompson, Scott Snyder
Nombre de pages : 144 , 144 et 184
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 30 mai 2025
LE PITCH
Que serait devenu Superman s’il avait été élevé sur Krypton ? S’il avait dû fuir sa famille pour échapper au destin tragique de sa civilisation ? S’il n’avait pas reçu le code moral de la famille humaine des Kent ? C’est ce que propose de découvrir ce récit mettant en scène l’histoire épique et tragique du dernier fils de Krypton dans un univers plus sombre et réaliste !
Depuis des millénaires, les Amazones ont protégé l’humanité dans l’ombre au fil de son développement, empêchant les incursions de monstres venus d’ailleurs. Mais quand les dieux leur tournent le dos, la Princesse des Amazones, Diana, est exilée aux Enfers et le nom même des Amazones est rayé de l’histoire… Sans île du Paradis, sans la sororité qui l’a forgée en tant qu’héroïne, et sans même son rôle d’émissaire de paix… Diana reste Wonder Woman !
Bruce Wayne ne part de rien. Il n’est pas le descendant d’un riche empire de Gotham City, il est le fils d’un professeur d’école publique qui, enfant, a vécu l’horreur inimaginable d’une fusillade, changeant à jamais la trajectoire de sa vie. Et alors que le gang de Black Mask sème la terreur dans la ville, il n’hésitera pas à déchainer un torrent de violence contre ses adversaires pour que le message soit clair : il y a un nouveau Batman en ville.
Trinity
Comme le veut la tradition, dans les ruines du crossover Absolute Powers l’univers DC Comics s’offre une nouvelle (énième ?) renaissance. D’un coté les séries DC Prime qui reprennent plus ou moins la suite de l’univers connu et de l’autre celles de DC Absolute, proposant une toute nouvelle branche, inédite et indépendante, vouée à apporter un peu de sang neuf à des personnages archi-connus. Superman, Batman et Wonder Woman sont des plus logiquement les premiers concernés… Et ça frappe bien fort d’entrée de jeu.
On retrouve ici plus ou moins les mêmes idées qui avaient motivé chez Marvel le lancement d’Ultimate en 2000. Soit une branche de comics reprenant les grandes figures et marques identifiables tout en les débarrassant des embarrassantes chronologies imbriquées et complexes liées à de bien longues carrières éditoriales. Un moyen aussi de les faire renaitre dans un contexte tout à fait contemporain, rendant les titres très accessibles aux nouveaux lecteurs et en particulier au jeunes adolescents. Enfin, Absolute comme Ultimate devient un terreau d’expérimentation passionnant pour les auteurs et illustrateurs pouvant jouer avec les codes et les looks bien connus. Cela n’empêche pas que le pool de créateurs se soit entendu pour tous partir dans des directions équivalentes. Sans être pour l’instant lié par un univers partagé net, Absolute Superman, Absolute Batman et Absolute Wonder Woman, partagent la même volonté d’extirper nos trois héros des aspects les plus confortables de leurs jeunesses (visible à chaque fois par le biais de flashbacks) et les placer dans un cadre bien plus difficiles et modeste. Les parents de Kal-El étaient ainsi deux scientifiques dissidents reléguée dans la classe des travailleurs d’une Krypton plus proche de l’état totalitaire que de l’utopie cosmique et n’a à priori pas eu la chance d’être adopté par les Kent. Bruce Wayne lui a grandi dans les quartiers populaires et n’a pu utiliser que son intelligence pour construire son alter ego après le meurtre de son père, simple instituteur. Enfin Diana n’a pu grandir sur l’ile des amazones, toutes exterminées par les dieux, mais aux enfers auprès de Circé. Ainsi Superman semble plus perdu que jamais, figure sans attache combattant les inégalités orchestrées par l’organisation militaire Lazarus, quand Batman est un colosse massif, brillant mais violent plus proche du vigilent urbain et que Wonder Woman s’avère une guerrière sauvage et une sorcière avisée.
Roots
De belles perspectives et d’intéressantes promesses pour les trois titres où on retrouve d’ailleurs un même arrière-plan social et presque politique dans cette confrontation à des menaces totalitaristes et oppressives, agissant dans l’ombre et contrôlant les masses. Définitivement plus sombre que leur homologues « classiques » ces nouvelles incarnations offrent véritablement des voies nouvelles où, forcément les scénaristes jouent constamment avec les tropes et les personnages secondaires, déplacés, modifiés, réinventés, mais réussissent surtout à se dédouaner du fan service et du petit jeu des sept différences. Même graphiquement des propositions comme celles de Hayden Sherman (Wasted Space, Batman Dark Patterns…) accentue l’aspect barbare et apocalyptique de la nouvelle Wonder Woman, là où Nick Dragotta (Once upon a Time at the End of the World) détourne un trait faussement enfantin vers une brutalité à la Frank Miller. Et si Kelly Thompson (Captain Marvel, Birds of Prey…) et Scott Snyder (Batman, American Vampire…) maitrisent parfaitement leur premier arc narratif, c’est clairement Absolute Superman qui prend une tête d’avance. Les dessins de Rafa Sandoval (The Flash, Hal Jordan & The Green Lantern Corps) ont sans doute quelque chose de beaucoup plus traditionnels et iconiques que ceux de ses collègues, mais l’artiste développe ici une précision et un dynamisme exceptionnel (la colorisation est fantastique), tandis que Jason Aaron (Avengers, Scalped, Star Wars…) réanime véritablement la figure de Superman, héros malgré-lui, symbole frappé par le destin, animé finalement uniquement par un besoin de justice… dans ce que le terme à de plus noble. Et l’idée de la cape rouge comme une extension modulable de son costumes conscient est aussi brillante que visuellement imparable.
Si les relaunch et reboot sont devenus choses communs dans le petit monde des comics de super-héros, le temps a souvent prouvé qu’il ne suffisait pas de signer de nouveaux numéro 1 pour marquer son temps et les esprits. Avec ses trois premières séries, la gamme Absolute de DC prouve que l’éditeur à clairement compris dans quelle voie se diriger. C’est moderne, inventif, différent et particulièrement inspiré. Trois très bonnes surprises.