Apparue pour la première fois en 1986 dans les pages d’un autres event, Legends, Amanda Waller devint rapidement une figure récurrente des récits DC. Une femme inflexible, directrice de la Task Force X, créatrice de la Suicide Squad, et que l’on retrouve au gré de l’inspiration des auteurs dans différentes organisations nébuleuses, obscures, manipulant, détournant, contrôlant, menaçant, non pas simplement pour obtenir un pouvoir, mais surtout dans son esprit pour préserver une certaine idée de l’ordre. Son mépris pour les super-héros ne sera jamais un mystère et sa volonté de les faire disparaitre de l’échiquier trouve ici son aboutissement. Là où certains crossovers sortent une nouvelle menace du chapeau, Absolute Power s’inscrit véritablement dans une continuité logique, dans une ligne éditoriale mise en place (volontairement ou non) depuis quelques années, avec d’ailleurs des liens très forts aussi avec les conséquences de Dawn of Green Arrow… faisant même d’Oliver Queen l’un des agents de Waller. Et ici tout va très vite puisqu’en quelques pages seulement, et après avoir éliminé Superman de manière particulièrement dramatique, près de 80% des personnages identifiés comme possédants des pouvoirs (méta, magique ou alien) sont capturés et privés de ceux-ci sous les hourras d’une population mondiale totalement retournée par une campagne de propagande massive et et bien entendu totalement mensongères.

Make the World Great Again

Sur fond de fake news, de renversement de gouvernements et autres traitrise totalitariste, Absolute Powers met certes en avant la grosse artillerie avec d’énormes bastons entre les héros survivant et des Amazos mécanisés absorbant les pouvoirs, mais est surtout nourri par une réflexion politique loin d’être inintéressantes (sécurité, patriotisme…) faisant directement échos à l’actualité Américaine. Efficace pour le moins et véritablement doté d’une échelle imposante, Absolute Power a aussi la particularité de ne se composer de seulement quatre épisodes centraux. Ceux-ci ont été rédigé par le solide et prolifique Mark Waid et dessiné par la star du moment Dan Mora et vont, par la force des choses, à l’essentiel. Du grand spectacle en sommes, efficace en diable, autour duquel gravitent une petite dizaine de séries périphériques (Absolute Power Ground Zero, Task Force VII) ou d’épisodes spéciaux des séries régulières de Green Arrow, Wonder Woman, Superman, Batman ou Green Lantern. L’intérêt y est forcément inégal comme l’opus de Green Lantern trop lointain ou celui de Wonder Woman se contenant de gonfler un combat déjà vu dans la série principale, mais dans l’ensemble elles viennent vraiment nourrir les évènements et le tableau général, lui offrant une épaisseur plus dramatique avec de jolis accents portés sur la JSA, Steve Trevor, la grande famille de Green Arrow et même un Nightwing qui semble, enfin, prendre la mesure de sa place au sein du panthéon DC. La troupe de scénariste se passant le relais se montre tout à fait capable, tandis que les illustrateurs, aux styles parfois assez disparates, restent de la même façon toujours à un niveau graphique convaincant (ce qui n’est pas toujours le cas dans les grands crossovers de ce type).

Avec ce premier volume de qualité, excitant, assez sombre et franchement solide, Absolute Power s’impose déjà comme un crossover décisif et incontournable pour les amoureux de l’univers DC. On attend les deux tomes suivants avec impatience.