Le meilleur jeu d'action de l'année n'est pas un FPS New Gen, n'en déplaise aux accros à la débauche technologique et au mitraillage frénétique de terroristes en tous genres. Avec ses graphismes chaleureux mais élémentaires, Geometry Wars Evolved², suite / remake d'un certain Retro Evolved, risque de tenir ses joueurs éloignés très longtemps de la concurrence, aussi bien markétée soit-elle.
Parler de chef-d'oeuvre pour un jeu d'arcade, c'est déjà évoquer un regard terriblement novateur sur le genre qu'il dessert, ainsi qu'une réelle approche artistique des codes généralement en vigueur. C'était déjà le cas avec des jeux comme Metal Slug 3, Street Fighter III 3d Strike, Capcom Vs SNK 2 ou LocoRoco. C'est aujourd'hui le cas avec Geometry Wars Evolved², dont les partis pris à la fois graphiques, sonores et ludiques sont autant de preuves du génie de ses instigateurs. Génie déjà bien visible dans les repères que le soft communique peu à peu, sans qu'aucun tutorial ne soit nécessaire, au joueur, à commencer par des effets sonores qui annoncent, avant même leur arrivée dans le champ, l'apparition d'ennemis aux attaques et capacités spécifiques Des capacités qui appellent, consciemment ou non, une modification immédiate de la tactique (attaque ? Défense ? Tir à reculons ? Zig-Zag ?) du joueur. Il suffit ainsi d'aligner quelques parties, par sessions de 30 minutes à une heure, pour comprendre les mécanismes d'un challenge qui, nourri par des composantes pensées à la fois individuellement et les unes par rapport aux autres, évoluera de manière aléatoire, au hasard des choix de la machine et du joueur. Jamais, par exemple, un shoot'em up n'avait placé autant d'importance stratégique dans le choix d'utiliser ou non une bombe, ou dans la désignation des cibles à abattre en priorité. Le high score brandi constamment telle une carotte fluorescente n'est là, dans ce contexte, que pour attester de l'intelligence et de la réussite du joueur ; une réussite qui, croyez-le, se mérite à chaque seconde.
Outre un remake du jeu original débarrassé entre autres de ses tares rythmiques (jadis trois minutes d'ouverture extrêmement lentes puis des sursauts de frénésie explosive), ainsi qu'une option multijoueurs jusqu'à quatre en local ou en ligne (le pied intégral), Geometry Wars Evolved² offre cinq nouveaux modes solos, chacun reposant sur une approche ludique bien particulière. Le premier, une sorte de course contre la montre, demande au joueur façon Pac Man Championship Edition de récolter le maximum de points en un minimum de temps. Pour ce faire, Bizarre Creations a inclus un élément nouveau, que se partagent les six modes : chaque ennemi abattu laisse derrière lui des formes géométriques à collectionner, le nombre récolté par le héros faisant grimper en proportion le démultiplicateur de points. Déjà primordiale dans le Time Attack et l'Evolved, au point de diriger le joueur vers une stratégie d'attaque à laquelle le premier épisode ne nous avait pas habitués (si l'on fuit, on ne ramasse pas lesdits bonus), cette quête devient carrément indispensable dans les trois nouveaux modes principaux : Roi (des bulles de sécurité apparaissent et disparaissent ici et là à l'écran, et le joueur ne peut attaquer que depuis l'intérieur), Pacifique (le joueur, incapable de tirer, doit guider son vaisseau à travers des des portails explosifs pour se débarrasser de hordes d'opposants) et Vagues (des vagues d'ennemis placés côte à côte traversent l'écran à toute vitesse, à vous de vous frayer un chemin et de tenir le plus longtemps possible). Véritable joyau alliant défouloir jubilatoire, jeu d'adresse à destination des aliens (ou de ceux qui savent plier une carte routière en dix secondes, comme disait Gotlib) et réflexion d'une intelligence rare sur l'essence même du shoot'em up (peu importe l'intrigue, tant qu'on a la performance), Geometry Wars Evolved² se paie le luxe d'offrir, en guise d'ultime mode de jeu, une succession de défis plus proches du puzzle-game décomplexé que du jeu de tir en bonne et due forme. Vous avez dit jusqu'au-boutisme ?