Souvent boudé par les studios et les joueurs, le western façon jeux vidéo risque bien de connaître un souffle nouveau sous l'impulsion de la nouvelle bombe de Rockstar. Carabine en main, selle bien harnachée, c'est parti pour la Horde Sauvage !
Les ruelles de Liberty City et ses putes camées c'est bien, mais gageons qu'en termes mythologiques, incarner un desperado partant vers le coucher de soleil au galop est largement plus évocateur qu'interpréter un Niko Bellic en fourrure. Une comparaison évidente puisqu'après avoir achevé dans la douleur le jeu d'aventure Red Dead Revolver (après que Capcom eut lâchement planté le tout en cours de développement), Rockstar transforme sa chevauché fantastique en pur GTA-Like, tout en écrasant son modèle. Un univers bac à sable extrêmement riche et ouvert, des petites quêtes supplémentaires, des poursuites avec les forces de l'ordre, le « radar-GPS » en bas à gauche, la visée automatique et le scénario principal d'une maturité implacable, tout y est. Et si le départ ne fait pas l'effort de s'écarter des clichés habituels du western, ce n'est que pour mieux, au fur et à mesure de son avancée, en décrire une vision plus trouble que jamais. Dans cet Ouest sauvage où chaque joueur peut choisir de l'orientation morale de James Marston en sauvant la veuve et l'orphelin ou en braquant des banques, rares seront les hommes d'une droiture irréprochable : truands en tous genres, jolie mexicaine sur le chemin de la vengeance, vendeur de potions frelatées, alcolos notoires, révolutionnaires opportunistes, shérif véreux...
Une galerie de sales gueules qui sent bon la crasse et la poudre jusque dans les moindres expressions et les plus petits détails de l'animation. Cette peinture au vitriol de l'Amérique des libertés décide de surcroît de ne jamais faire dans la dentelle, plaçant notamment le joueur sur les traces d'un cannibale s'attaquant aux marmots, d'un papy préservant le cadavre de sa petite femme ou d'une bande de gangsters ayant fait une tournante avec l'un des rares personnages réellement positifs du jeu. Affreux, sale et méchant ! Une cruauté un poil gratuite mais purement jouissive, qui s'accompagne de dialogues souvent ubuesques vu le niveau intellectuel de la population locale, et qui restent parmi les plus drôles jamais entendus sur console. Un contexte idéal donc, agrémenté d'une bande originale exceptionnelle, pour motiver l'exploration de l'immense carte de jeu (fragmentée en différents chapitres du récit-tronc), les petites missions réjouissantes disséminées aux quatre vents et les multiples activités du coin comme la capture et le dressage de chevaux, la chasse, les parties de cartes et bien sûr les escarmouches colts en main.
Reprenant les mécanismes des GTA, Redemption démontre une nouvelle fois la maîtrise de Rockstar en assurant une prise en main exemplaire (excepté peut-être lors de duels pas très lisibles) et en donnant aux différents assauts sur les caches de truands un rythme et une violence fun et éreintante. Mise à couvert d'un simple clic, pose stressante pour recharger l'arme, shoot en pleine tête sous les feux ennemis, et surtout l'option Red Eye qui fait son grand retour pour accumuler les cibles dans un effet de ralenti bien senti. Un gameplay parfait qui transforme un affrontement sur canasson en ballade de santé, ou la poursuite d'un fuyard au lasso en un modèle de naturel. Rien ne viendra donc heurter les sensations sauvages d'un soft qui offre des heures et des heures de possibilités, augmentées par un mode multi-joueurs on ne peut plus complet. Sur l'intégralité de la même carte, ce dernier offre la possibilité de se regrouper en gangs pour prendre le contrôle d'une ville, nettoyer les environs, voler des caisses d'or ou simplement tirer dans le dos des autres avec toujours le même système d'EXP à débloquer en relevant quelques défis et en accumulant les victimes. Implacable. Pas grand-chose de mal à dire sur ce western qui va faire date et soutient sans soucis la comparaison avec ses frères du cinéma italien. Vamos amatar companeros !






