On a beau trouver l'expérience éprouvante, terrifiante, on ne peut s'empêcher de revenir à Silent Hill. Tout comme Konami qui continue désormais chaque année de nous offrir une nouvelle petite visite touristique à même de jouer sur les nerfs des plus solides. Cette fois-ci, destination Wii !
Relativement avare en sensations fortes, l'univers Nintendo se devait de posséder un jour son propre opus de Silent Hill (la version GBA étant anecdotique et inédite hors Japon). C'est enfin chose faite, et l'évènement se déroule paradoxalement sur la console familiale par excellence. Ceux qui attendaient une aventure inédite seront sans doute surpris de découvrir que Shattered Memories n'est au départ qu'un remake du tout premier épisode... enfin plutôt que d'un remake, il conviendrait mieux de parler de relecture libre. Véritable révolution en 1999, le bébé de Konami a frappé les esprits en démontrant que la peur peut se révéler des plus vivaces une manette en main. La version 2009 se retrouve donc face à une tâche ardue : renouer avec les sensations initiales tout en offrant une mise à jour nécessaire et une utilisation habile de l'ergonomie de la machine. Et c'est là tout l'intelligence de Climax (Akira Yamaoka est en revanche toujours aux commandes de la bande originale), qui a déjà démontré son sérieux avec Silent Hill Origins sur PSP, le studio opérant une véritable refonte de la quête désespérée d'un père perdu dans les ruelles d'une bourgade terrifiante.
Une large place est encore et toujours laissée à l'exploration angoissante du décor et la résolution d'énigmes basiques (et en l'occurrence pas franchement convaincantes), mais ces rares moments de calmes sont une nouvelles fois perturbés par les saillies suffocantes de l'autre monde. Là, finis les combats au corps-à-corps, l'utilisation malhabile d'objets contendants ou d'armes à feu. Le pauvre Harry Mason est une pure victime, incapable de foncer dans le tas et se bornant tout au long de l'aventure à esquiver les attaques de créatures torturées. Enfoncer les portes en quatrième vitesse, se plaquer sous un lit ou un placard, forcer son chemin au travers d'un univers parallèle glacial et labyrinthique, tels sont les moteurs d'un gameplay au rythme effréné et épuisant. Et si jamais l'une de ces bestioles arrive à choper le pauvre fugitif, un coup de wiimote/nunchuck dans le sens indiqué, et elle relâchera sa cible. Le soft se présente dès lors comme un vrai survival, où l'être humain est au centre de toutes les attentions, et en particulier sa psyché.
Mélange de sorcellerie apocalyptique et de psychanalyse, la vision Silent Hill se recentre avec plaisir ici sur l'angle freudien, donnant ainsi une large place à quelques rendez-vous dans le cabinet d'un psy énigmatique. Le joueur devient alors acteur de l'action, répondant à quelques questions sur ses goûts ou sa façon de vivre, représentant par des couleurs sa famille idéale.... De toute petites décisions qui impactent directement le déroulement du jeu, autant dans les plus petits détails que lors d'un final dans tous les cas extrêmement surprenant. Une prise de risque réelle pour Konami, qui revoit dans la forme sa copie, adoucissant certes les aspects les plus glauques mais approfondissant d'un autre côté la maturité du propos. Mais Shattered Memories est malheureusement loin du tableau idéal. Si sur le papier les différentes ambitions sont convaincantes, dans la pratique l'alternance systématique des trois phases (psy / exploration / poursuite) devient répétitive et lassante. La recherche supplémentaire d'objets « hantés » ou de messages censés nous éclairer sur les réels évènements tourne aussi parfois au ridicule... Surtout les fameuses courses-poursuites qui s'avèrent de plus en plus longues et manquent cruellement de renouvellement et de clarté, pouvant même pousser les moins patients à abandonner le petit papa dans les bras de ses démons. Triste fin.





