23 ans après s'être frayé une place de choix dans le cœur des gamers du monde entier, Final Fantasy VII est de retour. Ou presque. Consciente des enjeux mais aussi des critiques que la firme essuie depuis plusieurs années, Square Enix revisite la notion même de remake avec un traitement plus qu'ambitieux. Problème : les rois du RPG ont pensé à tout ... sauf au plaisir du joueur.
Dès la longue - et sublime!- cinématique d'ouverture, Yoshinori Kitase et son équipe tentent le grand écart entre l'hommage attendu, les innovations promises et le remake (presque) plan par plan. Entre nostalgie et stupeur, le joueur, fan ou pas, est donc sur le qui-vive. L'aventure s'annonce vaste, spectaculaire et haletante. Mais on déchante pour la première fois en découvrant un gameplay calqué sur celui de Kingdom Hearts, dynamique mais déjà un peu trop directif. La liberté de jeu nous échappe et, pour peu que l'on soit partisan de mécaniques old school, on se surprend à regretter les combats au tour par tour, délice désuet que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Malgré une difficulté progressive et réglable en cours de partie, la mauvaise impression se mue en déception sur la durée. Les quêtes secondaires, pas vraiment transcendantes, n'y changent d'ailleurs rien. Avec sa fausse complexité, Final Fantasy VII Remake se subit plus qu'il ne se vit. Conséquente (une bonne trentaine d'heures au bas mot), la durée du soft ne semble pourtant que contractuelle avec des longueurs inutiles. Pensée pour être immersive (et ne nous y trompons pas, elle l'est) l'exploration de la cité-état de Midgar permet à Square Enix de garder du contenu sous le coude avant les suites déjà annoncées. D'un long-métrage, les développeurs ont donc tiré une série, avec tout le risque de voir les intrigues tirer à la ligne inutilement.
La métaphore n'est pas innocente. En 20 ans, la narration diluée, épisodique et souvent interminable des séries TV a pris le pas sur la narration cinématographique, claire, directe, finie. Final Fantasy VII Remake suit donc l'air du temps. Pour le meilleur, si tant est que l'on se satisfasse pleinement d'une enveloppe technique rutilante et soignée, mais aussi pour le pire, avec l'impression de se faire endormir pour mieux se faire faire les poches.
Mais qu'en est t-il de l'histoire, de ces personnages que l'on a tant aimé ? Cloud, Tifa, Barret, Aerith et les autres répondent bel et bien présents. Sephiroth aussi, bien entendu. Par la force des choses, Final Fantasy VII Remake est un jeu bien plus intimiste que son prédécesseur et creuse sans retenue la richesse dramatique de ses nombreux protagonistes. Ils nous semblent plus proches qu'ils ne l'ont jamais été et c'est sans doute le point fort du jeu et la principale raison de s'accrocher.
Le message écologiste prôné avec vigueur par Hironobu Sakaguchi, grand absent de ce remake, n'a pas changé d'un pouce. Entre l'épidémie qui nous confine dans nos salons et la menace climatique qui s'annonce, l'exploitation impitoyable par les pontes de Shinra des matières premières qui constituent la force vitale de ce monde acquiert une résonance on ne peut plus contemporaine. Voir ce fort en gueule de Barret renvoyer une bande de costards cravates lobotimisés du bulbe à la vacuité de leurs discours prémâches dans le train qui ramènent les héros à leur quartier défavorisé est assez savoureux.
Relancé dans ses ultimes instants par un twist maousse (ça passe ou ça casse), Final Fantasy VII Remake n'est donc qu'une portion de jeu, impressionnante à défaut d'être ludique, et qui devra mettre de côté ses excès d'autoritarisme et son game play lassant s'il souhaite convaincre sur la durée.





