Le cinéma d'action chinois n'a plus rien à prouver depuis bien longtemps. Ceux qui ont connu son essor avec les polars Hong-kongais dans les années 90 en parlent encore tout émus. Bénéficiant aujourd'hui des moyens de la Chine continentale, ces films se sont transformés en productions testostéronées à la CGI. Lorgnant sur le film catastrophe, ce Rescue en est un bon symbole.
Il fut un temps pas si éloigné où le blockbuster était l'apanage des productions américaines. Cette période est-elle révolue ? Si le savoir-faire ‘ricain est indéniable depuis des décennies, le marché chinois montre depuis plusieurs années que ces productions étrangères ne sont plus le faire de lance de leur économie cinématographique. Celles-ci sont même devenues anecdotiques dans le marché local. Les productions de Pékin peuvent largement se passer de leurs illustres prédécesseurs. A coup de dizaines (voire de centaines) de millions de dollars, leurs réalisations arrivent à dominer le marché mondial sans que les films n'aient le besoin de sortir de leur frontière. La dernière production maison The Battle of Lake Changjin sponsorisé par le régime et coréalisé par Tsui Hark, Dante Lam et Chen Kaige vient de dépasser les 900 millions sur le marché local (pour une mise de départ de 200). Seul le dernier Spider-Man a réussi à faire mieux cette année... dans le monde !
Champion du box-office local depuis plusieurs années, Dante Lam s'est fait une spécialité des films d'action. Après Opération Mekong et Opération Red Sea, le réalisateur a explosé tous les box-offices chinois. Aussi, lorsqu'il s'attaque au film catastrophe, c'est sans sourciller qu'on lui octroie un confortable budget de 90 millions de dollars. Le gaillard se fait plaisir. En suivant une brigade de sauveteurs de haut vol, il peut se permettre d'enchainer les catastrophes en tous genres comme autant de morceaux de bravoure (crash aérien, plateforme pétrolière en feu, glissement de terrain...). Des séquences d'entrainements obligatoires à leur vie privée, les scénaristes abusent de grosses ficelles et de pathos à la limite du raisonnable. Voir le personnage principal sortir un "Je préfère me sacrifier si c'est pour sauver des vies" en début de film et mettre en action ses paroles à la fin du métrage fait plaisir au régime de Pékin. La patrie avant tout. Même si son fiston vient de tomber dans le coma au risque de ne pas s'en sortir; on plonge ici dans l'héroïsme patriotique jusqu'à son paroxysme et à la limite de la caricature. Même Roland Emmerich n'aurait pas osé (quoique). Reste l'efficacité du réalisateur dans les scènes d'action. Voulant impressionner par sa pyrotechnie, Lam (surtout dans la séquence d'ouverture), abuse de nombreux plans rapprochés et de montages saccadés, rendant l'action pas toujours très lisible. Heureusement les suivantes sont bien mieux coordonnées et assurent le spectacle. Par contre, là où le film impressionne le plus, c'est dans son utilisation du son. Particulièrement travaillé, le spectateur ne peut que se trouver immergé dans les actes de bravoure faisant presque oublier les effets spéciaux un tant soit peu trop visibles.
Aussitôt vu qu'oublié, The Rescue s'il n'est pas désagréable, provoque l'envie de revoir Backdraft ou encore le Lifeline de Johnnie To si l'on veut rester dans le modèle asiatique. Mais ça, pas certain que ce soit les intentions des producteurs !




