Moribond depuis presque vingt ans, le film d'art martiaux hongkongais a disparu sous le rouleau compresseur de la Chine continentale. Mais motivé par l'impact du très fun Crazy Kung Fu de Stephen Show, les jeunes Derek Kowk et Clement Cheng tentaient de lui ouvrir un retour en grâce avec le très attachant Gallants.
Désormais uniquement abordé sous la forme de coûteuses fresques en costumes, bardés d'images de synthèses et d'affrontements fantaisistes et câblés, le film d'art martiaux chinois a presque totalement oublié sa longue tradition plus proche des préceptes ancestraux et des véritables techniques de combats. En dehors de la saga Ip Man, sorte d'exception qui confirme la règle, seule finalement une mini-vague d'hommages aux vétérans au mitan des années 2000 aura pu laisser apercevoir le potentiel toujours évident de ce type de productions. Forcément inspirés par le fameux Crazy Kung Fu où déjà l'impeccable Bruce Leung (Les Bras violents du kung-fu, La Chaîne infernale du Ka-Tang, Les 2 intrépides du karaté) s'offrait un retour en force en vilain charismatique, Derek Kowk et Clement Cheng payent forcément un peu leur tribu au roi de la comédie. En particulier dans un humour non-sensique, une certaine fascination pour la baffe dans la tronche et un Teddy Robin Kwan (fameux producteur, compositeur et acteur de l'âge d'or HK) jamais très loin d'un maître d'arts-martiaux échappé d'un anime. Mais autant question de budget que de sensibilités personnelles, ils préfèrent de tout façon revenir à un univers plus simple, plus modeste, plus proche justement des grands classique où la relation tissée avec le grand maître de l'école, la transmission des mouvements autant que des valeurs d'honneur et de respect son primordiales.
C'est ce que va découvrir le jeune Cheung, jeune employé d'une boite d'immobilier, timide et pas bien courageux, lorsqu'il rencontre Tigre (Bruce Leung donc) et Dragon (Chen Kuan Tai vu dans Le Combat des maîtres, Les Exécuteurs de Shaolin...) qui attendent depuis des décennies le réveil de leur ancien maître, Ben Law, dans le coma depuis un affrontement digne d'une production de la Shaw Brothers illustré en animation. Le réveil ne se fera pas sans mal Teddy Robin Kwan appuyant avec allégresse sur les aspects séniles, un poil pervers et totalement intransigeant de son personnages. Entre opposition avec une école adverse qui n'attendait que cela pour récupérer le droit de propriété et un tournois d'arts martiaux organisé dans la salle super-moderne du coin, Gallants rejoue sans s'en cacher, mais toujours avec un léger décalage référencé, les grandes lignes de l'entraînement in extremis où les aptitudes de chacun ne se révéleront qu'au dernier moment. Avec son défilé de figures plus ou moins connues de la belle époque du cinéma d'art martiaux (on reconnaît même, entre autres, l'ancienne petite reine du glamour Susan Yam-Yam Shaw en infirmière très dévouée) et des chorégraphies à la fois vives, réalistes, spectaculaires et intenses signées Yuen Tak (Il était une fois en Chine 3, The Defender, Operation Scorpio...), le film réussit à marier nostalgie et désir de transmission et redonne à ses "retraités" de vraies belles séquences entre performances physiques (ils tiennent vraiment bien la route), ironie et émotion. Un joli petit film, terriblement attachant et sincère.



