Si la Warner d'aujourd'hui a considéré que la cousine de Superman ne méritait pas forcément qu'on lui consacre un long métrage, Supergirl fut cependant l'héroïne d'un opus produit dans les années 80, directement dans le sillage des trois premiers Superman. Un spin-of tristement boudé alors par le public et la critique, trop girly pour son bien, mais où une fois encore une certaine magie opère : « vous allez croire qu'une fille peut voler ».
Lorsqu'ils dégottèrent les droits de Superman à la fin des années 70, Alexander et le fiston Ilya Salkin, avait aussi négocié dans le package ceux de Supergirl, présentée dans les comics DC comme sa cousine oubliée, et permettant dans un premier temps d'intéresser les lectrices aux comics de super-héros. Fier du succès du bijou de Richard Donner, et malgré la production un peu bordélique de sa suite, les deux imaginèrent alors, avec un certain sens du visionnaire, de lancer une nouvelle série de films dédiés à Supergirl et qui se dérouleraient dans un univers partagé avec, pourquoi pas, des personnages passant de l'un à l'autre. Belles ambitions malheureusement rattrapées par les entrées en baisse de Superman III et la prise de distance de Christopher Reeves qui refusa d'y reprendre le fameux slip rouge.... Seul MarcMcClure, alias Jimmy Olsen, fait directement le lien entre les deux licences. De toute façon l'affaire périclite rapidement, la Warner n'hésitant pas à refourguer la distribution du film à la Tri-Star qui au passage en profite pour couper une bonne vingtaine de minutes pour raffermir le rythme. Pas la meilleure des manières de s'imposer dans les salles obscures, même si le film s'offrit une jolie promotion et surtout la participation en guest star de Mia Farrow (éteinte) et Peter O'Toole (ivre) pour quelques séquences post-krypton et d'une Faye Dunaway jubilant en vilaine de BD, cabotinant peut-être même plus que Gene Hackman en Lex Luthor.
C'est que ce Supergirl, de nombreuses personnes y croient farouchement. A commencer par la surprenante Helen Slater (Le Secret de mon succès) alors jeune débutante qui apporte une fraîcheur, une candeur et une présence qui n'est pas loin de se hisser au niveau de celle de Christopher Reeves dans l'évidence de son incarnation. Elle est pour cela parfaitement épaulée par les énormes progrès effectués par les équipes techniques délivrant des plans composites beaucoup plus précis et des séquences de vols bien plus fluides et légères que pour Superman. Et tout cela avec filin, poulies et quelques bras qui s'activent sur les manivelles ! Le premier envol de la demoiselle, frôlant les eaux d'un lac, jouant au dessus des rochers et des arbres, reste particulièrement bluffant. Artisan plutôt capable à qui l'on doit Les Dents de la mer 2 et Quelque-part dans le temps (avec tiens, Christopher Reeves), Jeannot Szwarc emballe le tout avec beaucoup de soin, s'efforçant de trouver un équilibre ardu entre l'élégance de Richard Donner et le ton plus parodique de Richard Lester, tout en venant draguer un public que l'on voudrait plus féminin. Sa solution, plutôt maline étant alors de faire glisser le projet du récit de science-fantasy vers le conte de fée beaucoup plus fantaisiste. Mais c'est là sans doute que le film peut prendre l'eau, dans ses excès de niaiseries de collégiennes, l'essentiel des enjeux se bornant parfois à éviter quelques pièges des camarades de dortoir et à sauver le bellâtre des griffes de la vilaine sorcière, cougar sur les bords. Rapidement oubliée la quête de l'artefact kryptonien dont la disparition menace l'existence d'une cité rescapée où attendent les derniers survivants de Krypton.
Celui qui par contre n'oublie jamais la grandeur de Supergirl et l'ampleur que peut parfois avoir le film, c'est le fabuleux Jerry Goldsmith. Lui qui faillit être le compositeur attitré de Superman, écarté essentiellement pour des questions de calendrier, tient ici une superbe revanche musicale et délivre une partition passionnée, riche, percutante et féerique. De quoi faire oublier le kitch de certaines images, la futilité du scénario, et se laisser emporter par une aventure plutôt attachante.



